« Mon seul regret, le timing sur Saint-Gobain »

Votre démission constitue-t-elle une capitulation face à la frange d'actionnaires familiaux contestataires ?Ma seule et unique motivation dans mon départ est l'intérêt du groupe. Nous faisons face à une situation de crise économique grave. Wendel doit donc réagir avec la plus grande efficacité possible. Or, je constate que l'espèce de guérilla permanente avec la famille [dans le holding de contrôle, la SLPS, Ndlr], qui dure depuis maintenant plus d'un an, ne s'estompe pas. Il ne me paraissait donc pas responsable de poursuivre avec un nouveau mandat. L'entente entre Wendel et son actionnaire principal est un élément clé de notre réussite dans la période que nous traversons. C'est une décision très difficile à prendre après huit années passées chez Wendel, mais je n'étais plus en mesure de continuer à assurer la cohésion du groupe avec la SLPS.Que vous inspirent les griefs que vous adresse François de Wendel dans les colonnes du quotidien « Les Échos » ?Ces propos démontrent parfaitement la pertinence de ma décision.Quel héritage laissez-vous à votre successeur, Frédéric Lemoine ?Le travail conduit ces huit dernières années a permis une transformation profonde du groupe. Wendel est maintenant une société attractive, avec des positions de contrôle dans ses filiales, toutes leader au niveau mondial dans leur secteur d'activité. Le titre Wendel n'aurait jamais pu atteindre le pic de 140 euros en Bourse si nous nous étions contentés de rester dans Capgemini et Valeo. La qualité des résultats de Wendel en 2008 démontre qu'en dépit de la crise, le groupe compte dans son portefeuille des entreprises solides, qui ont fait la preuve de leur capacité à continuer à progresser en termes de résultats et d'activité dans un contexte difficile.Regrettez-vous certains de vos choix après huit années passées chez Wendel ?Si j'ai un regret, c'est celui du timing de l'investissement dans Saint-Gobain en 2007, peu avant que la crise financière éclate. La décision d'investir a été mûrie pendant longtemps et décidée par l'ensemble du conseil de surveillance. Et il faut rappeler que nous sommes dans une perspective de long terme. Je garde donc la conviction que Saint-Gobain se révélera un investissement de qualité dans la durée.L'investissement « à la hussarde » dans Saint-Gobain n'était-il pas contraire aux valeurs de la famille, habituée au consensus ?Les décisions ont été prises à l'unanimité au conseil de surveillance de Wendel, dans lequel sont évidemment représentés les actionnaires familiaux. Ces décisions ont été assumées et partagées dans la durée. Le conseil a d'ailleurs réaffirmé son attachement à l'investissement dans Saint-Gobain à l'occasion de mon départ. Enfin, c'est un investissement qui, par sa nature, s'inscrit culturellement dans la continuité de la politique industrielle de la famille.N'est-ce pas cependant ce choix stratégique qui a cristallisé les tensions entre vous et certains membres de la famille ?D'abord, la contestation est venue d'une minorité très vocale, comme c'est souvent le cas. Mais c'est en partie de notre faute. Nous aurions dû mener à l'égard des actionnaires familiaux le même travail de pédagogie que pour la communauté financière. D'autant que les membres de la SLPS sont naturellement moins au fait que des professionnels de ce qui se passe dans l'environnement économique. Par ailleurs, sur l'ensemble de la période 2001-2008, nous avons réalisé 2,1 milliards d'euros de valeur. Nous avons redistribué 1,7 milliard d'euros aux actionnaires, à travers les dividendes et les rachats d'actions. Les membres de la SLPS en ont bénéficié, comme tous les actionnaires. Si nous n'avions pas redistribué cette somme, la capitalisation de Wendel, au lieu d'être aujourd'hui égale à ce qu'elle était il y a sept ans, serait 2,5 fois supérieure.Bénéficierez-vous d'un parachute doré ?Je ne dispose pas de parachute doré. Je n'en ai d'ailleurs jamais voulu. Je ne demande donc pas d'indemnités de départ. Par ailleurs, mon plan de stock-options cessera le jour où je quitterai Wendel [avant le 15 avril, Ndlr]. njean-bernard lafont
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