Torts partagés

Telle « Perrette sur sa tête ayant un pot au lait? », la théorie de la création de valeur actionnariale a conduit les marchés financiers « Gros-Jean comme devant ». À la création apparente succède une destruction de valeur sans équivalent. À force de tendre les bilans, soumis à un effet de levier de l'endettement toujours plus fort, ceux-ci ont explosé. Tour à tour, les vedettes de la cote se présentent penaudes à leurs actionnaires en émettant des actions nouvelles à des prix bradés. Puisque les cessions d'actifs sont rendues difficiles, voire impossibles, c'est l'ultime recours pour tenter de rééquilibrer leurs bilans, quitte à le faire à vil prix. La compétition qui a fait rage depuis vingt ans pour offrir aux actionnaires des rémunérations attractives passait par la plus-value. Elle-même était dépendante de la rentabilité affichée par les capitaux propres dont l'optimisation est devenue le gage de la bonne gestion. Mais faire le procès de la « shareholder value » sur le seul argument d'une optimisation trop juste serait oublier que cette théorie avait pour ambition de permettre d'intégrer de façon plus rigoureuse stratégie et finance. Trop longtemps, les dirigeants des entreprises françaises ont cru que grossir pouvait tenir d'unique stratégie. Un peu à la manière du chapelier décrit par Alphonse Allais « qui perdait de l'argent sur chaque chapeau qu'il vendait, mais se rattrapait sur la quantit頻? La découverte tardive par les entreprises de la rareté de la ressource financière ne peut donc être tenue, à elle seule, responsable de tous nos maux. Encore faut-il associer la gestion de cette ressource rare à une stratégie industrielle qui tienne la route. Et c'est sans doute sur ce terrain qu'il convient de faire le ménage. D'autant plus que l'argent facile a permis à beaucoup trop d'investissements incertains de passer la barre des comités spécialisés et des banques toujours avides de commissions. Payer la dette plus cher aura au moins le mérite de faire réfléchir à deux fois les équipes en charge des projets de développement, internes ou externes. Christophe Tricaud
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