Le CAC 40 occulte toute la progression de ses bénéfices

La Bourse de Paris prend des allures de machine à remonter le temps. Après s'être octroyé une timide hausse hebdomadaire de 1,8 %, le CAC 40 a finalement terminé sa course sous le seuil des 2.900 points, qu'il a pourtant franchi à quatre reprises au cours de la semaine. 2.840,62 points exactement, soit un niveau quasi identique à celui enregistré fin mai 2003. À une différence près et pas des moindres. À l'époque, les entreprises composant l'indice parisien venaient de clôturer l'année 2002 sur une perte globale de 19,1 milliards d'euros ! Et cela pour un chiffre d'affaires de 834,8 milliards d'euros. À titre de comparaison, les groupes du CAC 40 ont dégagé 58,4 milliards d'euros de profits en 2008, pour 1.307 milliards d'euros de facturations. Où est donc passé l'effet de richesse microéconomique produit par les grandes sociétés de la cote ? Pourquoi un tel retour en arrière ? « Les pertes dégagées au titre de l'exercice 2002 étaient largement dues aux amortissements de survaleurs », relativise Romain Burnand, codirigeant de Moneta Asset Management. Mais même si l'on exclut Vivendi et France Télécome;lécom, qui avaient accusé, à eux deux, ? 40 milliards d'euros en 2002, l'écart reste important. Le total des bénéfices du CAC 40 ressortirait ainsi à un peu moins de 52 milliards d'euros pour 2008 contre 25 milliards d'euros six ans plus tôt. Dès lors, on peut supposer qu'aux cours actuels, le marché intègre implicitement ce dernier chiffre comme objectif de résultats totaux en 2009. Car tel que le souligne Romain Burnand, « il convient de prendre en compte que les résultats de 2008 sont supérieurs d'au moins 25 % à ce qu'ils seront en 2009 ». Et d'ajouter : « la crise d'aujourd'hui est perçue comme beaucoup plus grave qu'en 2003. De plus, elle touche beaucoup plus de secteurs qu'à l'époque où les activités de consulting, de banque d'investissement et la sphère des nouvelles technologies étaient principalement affectées ». Selon lui, « le degré de pessimisme est élevé, mais il est à la hauteur de l'incertitude macroéconomique ». profils défensifsOn observe, par ailleurs, de grandes disparités dans l'évolution des capitalisations boursières depuis le 30 mai 2003. Dans le quinté de tête, on retrouve des profils plutôt défensifs, avec Vinci dont la valorisation a presque triplé en six ans, Schneider Electric (+ 42,8 %), Air Liquide (+ 25,7 %), Bouygues (+ 18,1 %), Danone (+ 19 %), mais aussi Vivendi Universal (+ 38,3 %). A contrario, en queue de peloton, l'ampleur des destructions de valeur donne le vertige. À commencer par STMicroelectronics dont la capitalisation a fondu de 80 %, suivi de près par des acteurs d'industrie sur le déclin, comme Alcatel-Lucent (? 66,6 %), Peugeot (? 64,2 %) ou encore Renault (? 55,4 %). Sans oublier quelques représentants du secteur financier, tels que Société Généralecute; Générale (? 20 %), malgré une augmentation de capital de 5 milliards en 2008, BNP Paribas (? 23 %) et Axa (? 15 %). En clair, les investisseurs ne semblent pas enclins à payer le même ticket d'entrée moyen qu'il y a six ans, pour des groupes apparemment mieux dimensionnés. Et le fait que le PER 2009 de l'indice parisien ressorte, selon Facset, à 10, soit 50 % de moins qu'en 2003, n'y change rien. Sans doute parce que de tels niveaux de multiples correspondent à un risque important de déceptions sur les résultats à venir.
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