Shanghai a son marché de dérivés sur l'acier

L'initiative ne manque pas de faire polémique, mais le marché à terme de Shanghai, qui l'avait dans ses cartons depuis au moins huit ans, l'a enfin mise en ?uvre. Cette Bourse a en effet lancé hier la cotation de deux nouveaux contrats à terme sur l'acier ? qui viennent notamment s'ajouter à ceux sur le cuivre, le zinc, l'aluminium ? et s'inscrit de ce fait après Londres (LME), Chicago, Dubaï et la Bourse indienne des matières premières, comme le cinquième marché à traiter ce type de produits. Et le moins que l'on puisse dire est que ce premier jour s'est traduit par un certain emballement. Les cours des deux contrats pour livraison en septembre ont connu des hausses respectives de 4,8 % à 6,2 % selon la catégorie d'acier traitée, pour se négocier autour de 521 et 497 dollars la tonne. Après une chute de 14 % des cours depuis février, les investisseurs spéculent vraisemblablement sur l'impact que pourraient avoir les plans de relance chinois sur la demande d'acier, qui, jusqu'alors, s'est fortement réduite. Sur les deux premiers mois de l'année, l'industrie sidérurgique chinoise aurait à déplorer, selon le Bureau national des statistiques, une perte de 770 millions de yuans (113 millions de dollars), qui contraste avec le profit de 25,5 milliards de yuans l'an dernier. Pour autant, ces nouveaux contrats sont loin de faire l'unanimité.S'ils préfigurent, aux yeux d'un grand nombre de financiers ? notamment les analystes chinois ? un nouveau mode de fixation, ou du moins un indicateur plus transparent des prix spot (pour livraison immédiate), il n'en est pas de même pour les producteurs. Réaction américaineLa porte-parole de la fédération des sidérurgistes américains a en effet fait savoir qu'aux yeux de la majorité de ses membres, « cette initiative est perçue comme un moyen d'enrichir les traders sans apporter de plus-value aux industriels ». Le patron d'ArcelorMittal a d'ailleurs été l'un des premiers à dégainer contre ces nouveaux contrats. Mais, au-delà de cette querelle d'acteurs, c'est aussi et surtout le risque de voir la Chine ? premier producteur mondial d'acier ? mener encore un peu plus le jeu dans la fixation du prix du minerai de fer. Et ce, d'autant que les pourparlers annuels ? qui théoriquement s'achèvent le 1er avril ? sont d'ores et déjà bien entamés.Marjorie Bertouille
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