Le parti d'Erdogan donné victorieux aux municipales

« Avant, ma fille utilisait deux paires de chaussures pour se rendre au travail, une pour marcher dans la rue et l'autre pour le bureau. Aujourd'hui une paire lui suffit. » C'est avec un plaisir non dissimilé qu'Umü Gülsüm Tercan explique pourquoi elle votera dimanche pour l'actuel maire de sa ville. Cette mère de famille habite Kücükcekmece, un arrondissement d'Istanbul passé en 2004 aux mains du parti issu de la mouvance islamiste, l'AKP (Parti de la justice et du développement). Aziz Yeniay, candidat à sa propre succession, dresse lui aussi un bilan satisfait de son action, à l'image de l'avalanche d'affiches vantant les 313 projets réalisés en cinq ans. « Quand nous sommes arrivés, il n'y avait ni cinéma, ni théâtre, ni piscine, ni salle de sport. La différence entre Kücükcekmece d'il y a cinq ans et celui d'aujourd'hui est aussi grand qu'entre le noir et le blanc. »priorité à l'éducationLa recette de son soutien populaire ? « Nous donnons la priorité à tout mais surtout à l'éducation. Notre but est de parvenir à adapter une population issue de l'exode rurale et de l'aider à vivre en ville. » Pour y parvenir, il énumère ses actes : construction de 3 théâtres et centres culturels, multiplication par 25 de la surface des espaces verts, rues dignes de ce nom, nettoyage de la lagune etc. Et pour financer ces projets « gigantesques », le maire a non seulement été soutenu par l'énorme machine qu'est son parti, l'AKP, mais il a aussi incité ses administrés, notamment les commerçants, à légaliser leur situation et à payer leurs impôts locaux.Si les enquêtes s'avèrent justes, Aziz Yeniay pourrait facilement être réélu dimanche. Ce maire de 45 ans, ingénieur de formation, table sur 60 % des suffrages et se félicite d'être suivi par une population traditionnellement à gauche. Bien sûr, dans cet arrondissement, les outils plus traditionnels utilisés par son parti pour s'attirer les faveurs d'une population conservatrice et religieuse existent. C'est le cas du réseau social Ismek, accusé d'être la clé de voute de l'islamisation de la société. Même chose concernant les distributions d'aide alimentaire et de charbon, décrites par l'opposition comme une manière d'acheter les voix des électeurs ? dans la province de Tunceli, la distribution d'appareils électroménager a suscité une vive polémique. « Nous avons un programme sur quinze ans qui prévoit la création de 80.000 emplois », explique Aziz Yeniay. « Mais en attendant, devons-nous laisser les gens mourir de faim ? » Delphine Nerbollier, à Istanbul
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