EDF prépare l'allongement à soixante ans de la durée de vie de ses centrales

ucléaireL'attente va être longue. EDF attend pour 2011 un « avis de principe » de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur l'allongement de la durée de vie à soixante ans de son parc de 58 réacteurs, a indiqué en fin de semaine dernière Bernard Dupraz, directeur général adjoint d'EDF en charge de la production. Dans cette perspective, l'électricien a présenté à l'ASN, début 2009, un « référentiel de sûret頻, c'est-à-dire le programme des travaux et contrôles à effectuer afin de prolonger la vie des centrales, référentiel que l'ASN doit instruire avant de donner un avis.PrudenceCette procédure est inédite. Jusqu'à présent, l'ASN et EDF travaillaient ensemble sur le fonctionnement des réacteurs ces dix prochaines années. « Nous avons besoin d'une visibilité supplémentaire pour programmer les importants investissements nécessaires pour aller jusqu'à soixante ans », explique Bernard Dupraz. Par exemple, le remplacement des quatre générateurs de vapeur que compte chacun des vingt réacteurs de la tranche de 1.300 MW. Pour aller jusqu'à soixante ans, il faut les changer, ce qui est inutile pour quarante ans. « Si nous nous engageons dans cette voie, nous souhaiterions débuter ces gros travaux dès 2015 », précise Bernard Dupraz.Au total, cette prolongation coûtera, si elle est acceptée par l'ASN, quelque 400 millions d'euros par réacteur. Une aubaine, par rapport aux 4 milliards d'euros que coûterait un EPR, supposé, lui, produire de l'électricité pendant soixante ans. EDF ­chiffre à 1,2 milliard par réacteur l'économie ainsi réalisée.Côté ASN, la prudence et la réserve sont de mise. « Quarante ans, c'est un saut. EDF devra être convaincant, ne serait-ce que parce que l'EPR a fait évoluer les exigences de sûreté. Il est difficile de gérer plusieurs générations de réacteurs avec des niveaux de sûreté différents. Il y en aura bientôt quatre en France », précisait André-Claude Lacoste, président de l'ASN à « La Tribune » en avril dernier. EDF, de son côté, invoque les pratiques de ses concurrents internationaux. « Les États-Unis, le Japon, la Suède et la Suisse sont engagés dans une démarche similaire », note Bernard Dupraz. Aux États-Unis, 48 réacteurs, sur un parc de 103 unités, ont d'ores et déjà obtenu des autorités de sûreté le feu vert pour fonctionner jusqu'à soixante ans. Certains opérateurs travaillent même sur un horizon de quatre-vingts ans.Une première en FranceEn attendant, EDF fait pour la première fois passer le cap des trente ans de fonctionnement à deux de ses plus anciens réacteurs, Tricastin 1 et Fessenheim 1. L'électricien a débuté en mai la grande visite de contrôle qui a lieu tous les dix ans (« visite décennale ») sur son réacteur de Tricastin 1. Il devra obtenir le quitus de l'ASN pour fonctionner ces dix prochaines années. Des examens et investigations tous azimuts qui coûtent 50 millions d'euros.
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