Le Gabon veut tourner la page Bongo

C'est sans conteste l'élection la plus importante de l'histoire du Gabon. Pour la première fois depuis l'indépendance de ce petit pays d'Afrique centrale riche en pétrole, 800.000 électeurs choisiront dimanche leur prochain président parmi 18 candidats, 5 candidats ayant décidé dans la nuit de vendredi à samedi de se désister au profit de l'ancien ministre de l'intérieur André Mba Obame pour tenter de faire barrage à Ali Bongo, le fils de feu Omar Bongo. « Tout sauf Ali » est devenu au fil de la campagne le principal leitmotiv de l'opposition gabonaise.Après 42 ans de règne sans partage d'Omar Bongo, tous les candidats se réclament de la « rupture », du « changement » ou de « l'alternance », alors même que plusieurs d'entre eux faisaient partie du dernier gouvernement d'Omar Bongo. La mainmise sur les richesses du pays ? pétrole, manganèse, bois ? par une petite minorité a été érigée en mode de gouvernance pendant quatre décennies. « 60 % des Gabonais vivent en dessous du minimum vital et seuls 2 % de la population profitent réellement des richesses de notre pays », déplore l'ancien Premier ministre et candidat Casimir Oyé Mba. Même Ali Bongo rappelle que son père avait fait en 2008 « un bilan très critique de la situation du pays ».figure de favoriÂgé de 50 ans, le fils d'Omar Bongo, qui incarne la continuité, fait pourtant figure de favori. Le scrutin à un tour, sa puissance de feu financière, le contrôle de plusieurs médias et le soutien de l'appareil du Parti démocratique gabonais (PDG) lui assurent un clair avantage. L'avocat Robert Bourgi, conseiller officieux de Nicolas Sarkozy pour l'Afrique, roule ouvertement pour lui. Fils de la chanteuse Patience Dabanu, Ali a dans sa jeunesse été tenté par une carrière musicale. Il a même un album à son actif, « A Brand New Man », produit en 1977 par l'ancien manager de James Brown, Charles Bobitt.Mais il a choisi rapidement de marcher dans les traces de son père. Cet amateur de voitures de luxe occupe le poste stratégique de ministre de la Défense depuis 1999. L'opposition le soupçonne de vouloir prendre le pouvoir par la force s'il ne sortait pas victorieux des urnes. Un document fait état d'une réunion de l'état-major de l'armée de terre le 27 août ayant pour objet la prise de contrôle des locaux de l'Union pour le Gabon, le parti de l'opposant historique et candidat Pierre Mamboundou.Les résultats du scrutin risquent de toute façon d'être contestés. Le Premier ministre, Paul Biyoghe Mba, a reconnu publiquement que les listes électorales comportaient « au moins 120.000 doublons », soit près de 15 % du corps électoral. Un chiffre considérable pour un scrutin à un tour. De nombreux candidats, comme Pierre Mamboundou, avaient demandé un report du scrutin pour « toiletter » les listes.Xavier Harel électio
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