Sacyr en bien mauvaise posture

Mauvaise nouvelle pour Sacyr Vallehermoso?: la vente à Lukoil de sa participation de 20 % au sein de Repsol semble en train de tourner court. C'est en tout cas ce qui se dit en privé au sein de la compagnie pétrolière espagnole, où l'on estime que la société russe ne semble pas en mesure de réunir le financement nécessaire. Si Lukoil, en effet, propose d'assumer la dette de 5,14 milliards d'euros contractée en 2006 par Sacyr auprès d'une quarantaine de banques pour acquérir les titres de Repsol, c'est apparemment sans être à même de réunir les garanties jugées suffisantes par les créanciers. Ceux-ci se sont réunis à deux reprises, vendredi et lundi, et ont précisé leurs exigences à la compagnie russe.Cette situation est d'autant plus délicate pour Sacyr que la compagnie avait offert comme gage de son emprunt les titres acquis de Repsol, qui ont depuis perdu dans la Corbeille près de la moitié de leur valeur. Ce qui contraint le constructeur à apporter de nouvelles garanties, essentiellement des actifs de sa filiale Testa, qui se consacre à la location d'immeubles, une activité moins vulnérable à la crise. Aussi, un échec des négociations avec la compagnie russe mettrait dans une situation très difficile Sacyr qui accumule une dette de 18,55 milliards, dont 11 % doivent être renégociés dès l'an prochain. L'entrée en lice de Lukoil aurait permis au constructeur d'engranger quelque 6,6 milliards d'euros puisque, comme ils l'avaient laissé entendre initialement, les russes avaient prévu d'attribuer à chaque titre une valeur de 27 euros, permettant ainsi à Sacyr d'échapper au spectre des moins-values.à cette opération devait en outre s'en ajouter une autre, elle aussi aujourd'hui incertaine?: le rachat d'une autre filiale, la société de concessions publiques Itinere, par un fonds immobilier de Citi, qui devait ensuite redistribuer les actifs, et notamment les autoroutes, entre plusieurs compagnies du secteur, au premier rang desquelles l'espagnole Abertis et l'italienne Atlantia. Sacyr pouvait aspirer, pour cette opération, à obtenir quelque 7,5 milliards d'euros. Mais Citi a évidemment, aujourd'hui, d'autres chats à fouetter à domicile, et un succès rapide des négociations, dans un tel contexte, est peu probable.aide possible de l'étatReste toutefois un espoir pour Luis del Rivero, le patron de l'entreprise espagnole?: non seulement les banques créancières mais aussi le gouvernement espagnol peuvent difficilement laisser la situation se pourrir au point de déboucher sur un dépôt de bilan. Un tel épilogue ébranlerait assurément le système financier espagnol, et affecterait l'image du pays. Un peu plus d'un an après l'échec de la prise de contrôle rampante d'Eiffage et des fastes de Sacyr, la situation a donc bien changé pour ce groupe. Des lendemains difficiles que connaissent, certes, tous ses compatriotes du secteur, certains d'entre eux étant déjà entre les mains de leurs créanciers. Thierry Maliniak à Madrid
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