Un gestionnaire pour Sanofi-Aventis

Audrey TonnelierPragmatique, à l'écoute, brillant » pour ceux qui ont travaillé avec lui ; « manager à l'américaine », « smiling killer » (tueur souriant), selon les salariés qui craignent des restructurations? Rarement nomination d'un patron dans la discrète industrie pharmaceutique aura suscité autant d'attentes que celle de Chris Viehbacher, qui succède lundi à Gérard Le Fur au poste de directeur général de Sanofi-Aventis.Une chose est sûre : l'ancien patron Amérique du Nord du britannique GlaxoSmithKline (GSK) incarne le nouveau visage que veut se donner le premier laboratoire français. Plus ouvert, plus moderne, plus international? plus efficace surtout. Alors que Gérard Le Fur était un chercheur pur jus, ce dirigeant de 48 ans a derrière lui une formation d'expert-comptable et vingt ans de carrière dans l'industrie pharmaceutique ? chez Wellcome, Glaxo puis GSK ? à des postes financiers et marketing. Là où l'ancien dirigeant affichait vis-à-vis de l'extérieur une réserve presque maladive, lui est reconnu pour son sens de la communication et du relationnel. Autre atout pour un groupe jugé trop franco-français : son profil international. Ce germano-canadien, qui parle couramment notre langue pour avoir présidé GSK France de 1995 à 2000, a également exercé en Allemagne, au Canada, au Royaume-Uni et aux États-Unis. « Chris Viehbacher a le parcours parfait d'un grand patron de l'industrie pharmaceutique, à une exception près : il n'a jamais été directement en charge de la R&D », remarque Frédéric Desdouits, du cabinet de conseil Bionest, qui l'a côtoyé chez GlaxoWellcome. Ce sera peut-être là son plus grand défi (lire ci-contre).des capacités à s'imposerPourtant, l'homme est rompu à l'art de se mouvoir au sein d'un grand groupe. « Il possède une capacité intuitive à se créer un réseau », indique-t-on chez GSK France. Une qualité qui lui a permis de grimper les échelons du laboratoire britannique en dépit de l'histoire chaotique de ce dernier. « Il lui a fallu un véritable sens de la survie pour s'imposer en interne chez GlaxoWellcome en venant de Wellcome (en 1995, Ndlr) et, à nouveau, après la fusion entre Glaxo et Smith-Kline (en 2000, Ndlr) » estime Frédéric Desdouits.C'est que derrière le sourire serein et le regard bleu acier se cache un manager exigeant, avec lui-même comme avec les autres. « Il aime instaurer des relations de confiance, mais l'efficacité prime et s'il ne la trouve pas, il est capable de se séparer de quelqu'un sans état d'âme », se souvient Édouard Étienne, ancien directeur financier de GSK France.Cette exigence inquiète les syndicats ? ceux-ci dénoncent les « méthodes à l'anglo-saxonne » du nouveau venu ? mais a, à coup sûr, pesé dans la décision des principaux actionnaires de Sanofi-Aventis, Total et L'Oréal, qui détiennent encore plus de 21 % du capital et 33 % des droits de vote. Surtout, elle devrait constituer un atout pour s'imposer dans un groupe à la réputation sulfureuse, dont nombre d'observateurs dénoncent « la culture de clans ».Car, en dépit des attentes qu'il cristallise, Chris Viehbacher ne sera « que » numéro deux de Sanofi-Aventis. Saura-t-il trouver sa place face à Jean-François Dehecq, charismatique fondateur du groupe et président du conseil d'administration, dont le mandat expire en 2011 ? C'est la réponse à cette question qui dira si Chris Viehbacher a réellement l'étoffe d'un grand patron.
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