L'actionnariat salarié subit de plein fouet la crise financière

La baisse des marchés actions constitue une opportunité historique pour constituer des plans d'actionnariat salarié ou pour alimenter les fonds communs de placement d'entreprise (FCPE), compte tenu des niveaux de valorisation des actions. Pourtant, les sociétés de gestion et les conseils en la matière témoignent tous d'un certain attentisme de la part des entreprises. « Les entreprises, notamment celles du CAC 40 qui mènent régulièrement des augmentations de capital réservées aux salariés, continuent d'en faire. Cependant, certaines sont dans une phase d'attente ou retardent leur projet faute de visibilit頻, explique Isabelle Coquelle-Ricq, responsable marketing et appels d'offres épargne entreprise chez Crédit Agricolegricole Asset Management. Dans cette perspective, certaines opérations auraient été arrêtées en 2008. « Environ 10 % des entreprises du CAC ont renoncé aux augmentations de capital réservées aux salariés en 2008. En 2009, on estime que 15 % passeront leur tour et attendront 2010 pour lancer une opération. Parmi celles-ci, les banques qui, traditionnellement, ont un actionnariat salarié développé pourraient attendre un contexte plus favorable pour lancer des opérations », avance Vincent Cornet, responsable de l'actionnariat salarié chez Altedia.La crise a par ailleurs un impact considérable sur les procédures utilisées. Jusqu'à récemment, les plans d'actionnariat salarié faisaient fréquemment appel à des effets de levier. Ils permettaient aux salariés de multiplier les actions achetées avec une mise de fonds faible. En contrepartie, ils ne bénéficiaient pas entièrement de la plus-value. Les plans d'actionnariat salarié étaient aussi assortis de garanties afin d'inciter les salariés à y adhérer. Ces dernières font appel à des mécanismes complexes voisins des fonds à formule. Le capital engagé ou l'apport personnel peuvent donc être garantis. Certains gestionnaires proposent même une protection contre l'inflation dans des FCPE. La crise complique sérieusement la mise en place de ce type de mécanismes. Le coût d'un plan assorti d'une garantie a explosé du fait de la dégradation des cours, mais aussi de la volatilité des actions. Quant aux effets de levier, il faut être certain de pouvoir les financer et donc être capable d'anticiper un prix de sortie. « Encore récemment, les entreprises, dans près de 80 % des cas, proposaient une offre avec garantie en capital, contre 50 % à l'heure actuelle, explique Patrick Azières, directeur épargne salariale, épargne retraite, actionnariat salarié chez Hewitt. » réforme et timing « Cette évolution est aussi liée à la maturité du marché. Les entreprises qui engagent de manière récurrente ce type d'opération proposent à la fois une décote et un abondement accompagnés d'une communication adaptée afin d'inciter les salariés à adhérer. » La volatilité et l'incertitude régnant sur l'évolution des cours posent aussi la question du timing. À quelques jours ou semaines près, les performances obtenues dans le cadre des FCPE peuvent être radicalement différentes, ce qui explique là encore l'attentisme de certaines entreprises.Reste une inconnue. La réforme de la participation, de l'intéressement et de l'actionnariat salarié instaurée en 2008 prévoyait que la distribution de stock-options ou les attributions gratuites d'actions réservées à la direction, aux mandataires sociaux et aux cadres dirigeants s'accompagnent de la mise en place d'un plan en direction de l'ensemble du personnel. Cependant, la polémique générée par les plans de stock-options annoncés puis retirés par la Société Généralecute; Générale fera peut-être reculer certaines entreprises qui avaient des ambitions en la matière. n
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