De Harvard à Oxford, le style universitaire à l'anglo-saxonn...

De Harvard à Oxford, le style universitaire à l'anglo-saxonne se repousse du col et périme la panoplie urbaine du jeune cadre à qui la crise a taillé des croupières. La mode campus ressort ses blasonsTout comme il existe, peut-être plus pour bien longtemps, des « personal shoppers », voici venu le temps des « college consultants ». C'est l'hebdomadaire anglais « The Economist » qui le dit. Tout comme le guide scholastique du révéré Tatler qui énonce où, quand, comment choisir la meilleure école, la meilleure université pour sa progéniture forcément douée. Des uniformes à la Harry Potter jusqu'à ceux des beaux gosses de l'Upper East Side de la série « Gossip Girl », la chose vestimentaire décrochée à l'aune des lauriers universitaires est dans le vent. À défaut d'user ses culottes sur les bancs de l'amphi, la tendance de la saison joue des coudes pour se (re)faire une place au campus. Sans pour autant tomber dans la reconstitution historique à la torsade près du chandail post-tennis porté par Rupert Everett dans « Another Country », la silhouette masculine de ce printemps y ressemble fort. Et rappelle qu'il en fut déjà ainsi au début des années 1980, puis dans les années 1970 quand tout ce qui pouvait évoquer l'attirail de training made in Princeton faisait autorité. Lancée par Warren Beatty dans « Le ciel peut attendre », la sweat-shirtmania en gros coton gris chiné à capuche reprendra du service avec la déferlante rap. Aujourd'hui, alors que le top 5 des meilleures facs du monde place en peloton de tête Harvard, le Massachusetts Institute of Technology, Cambridge, l'Eth Zurich, où enseigna Einstein, et l'Australia National University de Canberra, c'est justement avec Harvard mais aussi avec Oxford en Grande-Bretagne que la marque d'habillement italienne Henry Cotton's (lire encadré) a conclu deux accords exclusifs pour la production de pièces textiles labélisées sous la haute autorité des deux universités concernées. Celles-ci ne sont pourtant pas vraiment du genre à gloser sur la portée stylistique d'un tee-shirt ou d'un polo, quand bien même leur étiquette est à ce sujet intransigeante. Un soulier qui brilleQuatorze écoles, 12 campus, 20.000 étudiants?: membre de la Ivy League, rivale de Yale, Harvard fut fondée en 1636 à Cambridge, Massachusetts, 16 ans après l'arrivée des Pères fondateurs à Plymouth. L'université doit son nom au pasteur puritain John Harvard dont la statue du campus possède la particularité d'un fétichisme précis?: le bout d'un de ses souliers brille à force d'être frotté par superstition par les étudiants passant à ses pieds. Fondée autour de 1096, ce qui en fait quant à elle la plus ancienne université du monde anglophone, Oxford compte en son enceinte 39 collèges indépendants ? les collèges sont les lieux de vie et d'habitation, pas ceux d'études ?, qui virent passer 47 Prix Nobel, 25 Premiers ministres, 12 saints, 6 rois et 9 médaillés olympiques. Et a oblitéré au début des seventies le port de la toge noire. « Il a fallu un an pour comprendre à qui parler là-bas », raconte Manlio Massa, directeur de Henry Cotton's, à propos d'Oxford. « Nous nous sommes donc rapprochés de gens de Harvard, ô combien plus réactifs. Nous étions en train de conclure avec eux, quand Oxford s'est réveillé et a donné son accord. Nous avons donc traité avec les deux universités?! »Polo roulé comme un diplômeHarvard gère un bugdet annuel de plus 35 milliards de dollars, véritable petit PIB à lui tout seul, et sait mener ses affaires?: il existe là-bas un bureau seulement consacré à ce type d'accords commerciaux et d'accords de licences, le Trade Mark Program. Quant à Oxford, c'est la première fois qu'elle concède son Oxford Limited ? à une société étrangère et pour une collection de vêtements, même si, sur place, les étudiants ont accès à un magasin spécifique de 100 m2 où sont vendus boutons de manchettes, cravates et ceintures scrupuleusement estampillés, les doctes anglais lustrant actuellement un projet de ligne de souliers avec un fameux bottier italien. Cette licence porte sur deux collections masculines annuelles ? la femme apparaîtra en 2010 ?, de cinq pièces par université, et le montant des royalties fixé à 10 % sera reversé sous forme de bourses destinées aux étudiants méritants et à la recherche. Chaque polo est vendu entre 90 et 120 euros selon modèle et roulé comme un diplôme dans un shopping bag respectant les codes couleurs de chacune de ces deux institutions?: coutures et ruban rouge Crimson pour Harvard, bleu Oxford pour Oxford. Officiellement labelisée HCU, pour Henry Cotton's University, avec logo spécifique et attirail légal de rigueur, dûment blasonnée avec les devises Veritas pour Harvard® University et Dominus Illuminatio Mea (le Seigneur est ma lumière) pour l'University of Oxford, lancée pour ce printemps-été 2009, cette capsule-collection fait l'objet d'une distribution sélective.À Paris, on la trouvera seulement au Bon Marché et dans le magasin Henry Cotton's (*). Aux États-Unis, dans le magasin de Harvard, étalé sur 1.000 m2 et diffusant l'intégralité de ses vestiaires universitaires et sportifs de circonstance. Harvard recense en effet 41 équipes de sport évoluant en division 1 universitaire. Polo, tennis, aviron, cricket, base-ball, rugby, hockey sur glace?: les disciplines abondent et les références avec. « Hello to You, my Future », le slogan d'arrivée pour chaque étudiant arrivant à Harvard, figure aussi sur les étiquettes et packagings de la HCU concernée. Avec ses casquettes pour touristes et ses blocs-notes, la Sorbonne et ses produits dérivés en est encore au stade du bac à sable.Pierre Léonforté(*) 52, rue Étienne-Marcel 75002 Paris. Tél?: 01.40.13.90.91?; www.henrycottons.it
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