On nous le dit, nous le répète, c'est la crise. La crise ave...

On nous le dit, nous le répète, c'est la crise. La crise avec un grand C, celle qu'on évoque en secouant tristement la tête ou en écartant les bras en signe d'impuissance, celle qui tétanise et qui pétrifie les individus comme les dépenses. Le monde du voyage boit la tasse comme les autres. Après un premier mouvement de panique à l'automne ? chute des réservations, annulations de dernière minute, explosion des reports de départ ?, on aurait pu penser que le poste des loisirs allait durablement s'escamoter derrière les « essentiels », logement, nourriture, habillement ou transports quotidiens. Avec un pouvoir d'achat aussi moribond qu'un cormoran mazouté, allait-on mettre son passeport sous verre pour aller planter sa tente dans l'ombre fraîche des tilleuls du camping de Pithiviers ? Les derniers mois, et notamment l'excellente dernière saison de sports d'hiver, ont pourtant montré que les Français n'étaient pas encore prêts à renoncer à leurs vacances. « Partir malgré la crise ? Yes we can ! » claironnait récemment un tour-opérateur avec un enthousiasme très obamien. Évidemment, il va falloir resserrer le budget. Mais cette mauvaise passe rend malin : lorsque le spectre de la récession menace, le consommateur, autrement dit nous autres, élabore des stratégies de sauvegarde, adopte de nouveaux comportements, fait, au dire des spécialistes, des arbitrages. Alors, on choisira un vol low-cost ou dégriffé, sans faire de concessions sur le petit bungalow avec véranda et accès direct sur la plage. Il faut quand même se bichonner? Toujours en quête de LA bonne affaire, les candidats au départ réservent maintenant à la dernière minute. Attentistes mais aussi opportunistes, ils savent profiter des répercussions de la baisse du prix du carburant sur certaines destinations lointaines ou exploiter les taux de change avantageux à l'occasion de courts séjours urbains. Certains ont même décidé de s'affranchir du sacro-saint hôtel en échangeant leur maison avec d'autres particuliers ou en jouant les nomades du canapé à travers le monde. Et hop là, plus d'hébergement à payer ! D'autres, enfin, pour des raisons économiques mais souvent aussi écologiques, se sont résignés à ne plus franchir les frontières pour aller chercher l'évasion près de chez eux. Autant d'exemples qui dépeignent un secteur du voyage loin de l'agonie, mais bien en pleine mutation. Christophe MigeonVoyager sans crise
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