Les Grands Moulins de Pantin reprennent vieDeux clochers car...

Les Grands Moulins de Pantin reprennent vieDeux clochers carrés percés d'arcades, les campaniles, dominent le bâtiment. Par leur hauteur ? pas moins de 70 mètres ?, ils rivalisent avec les cathédrales. Les façades en verre attenantes se mêlent avec bonheur avec la grande toiture enveloppante de style néogermanique ou avec les hauts murs en brique rouge. Le verre donne à l'ensemble transparence et modernité. Pour l'heure, ce n'est encore qu'une image de synthèse. Les Grands Moulins de Pantin, au nord-est de Paris, vont bientôt renaître. Ce château de l'industrie, qui a pour lui plus d'un siècle d'histoire puisque la construction du premier moulin remonte à 1882, accueillera, à compter du 1er septembre, 50.000 m2 de bureaux (dont 25.000 m2 de bureaux réhabilités pour répondre aux exigences actuelles en termes de respect de l'environnement et 25.000 m2 de bureaux neufs) et 3.200 salariés. Le site comportera aussi 772 places de parking, deux restaurants d'entreprise, deux cafétérias, une médiathèque et même? une salle de fitness.Dissimuler les silosEn juin 2001, le propriétaire des lieux, la famille Soufflet, décide de mettre fin à l'activité des Grands Moulins qui fabriquaient de la farine pour les boulangeries parisiennes depuis la fin du XIXe siècle. Mais elle veut préserver le bâtiment. En 1923, déjà, les Grands Moulins de Pantin avaient été conçus par l'architecte strasbourgeois Eugène Haug, comme un habillage, censé donner du cachet, du style : ils venaient dissimuler aux yeux des passants des silos à grains et à farine et tout un système souterrain de bandes porteuses. Le site avait été pensé comme une cité, avec de véritables rues intérieures. Ce décor devenu monument, dont la silhouette se détache au-dessus du périphérique, ne pouvait disparaître. La famille Soufflet contacte la mairie de Pantin qui lance un concours d'architecture.Les architectes qui l'ont emporté, Bernard Reichen et Philippe Robert avec leur équipe, sont des spécialistes de la reconversion du patrimoine industriel. Ils se sont fait connaître dans les années 1970 pour avoir transformé les filatures du Nord, ils ont fait revivre la Grande Halle de la Villette et le Pavillon de l'Arsenal à Paris, ou encore la chocolaterie Ménier, à Noisiel, qui est toujours le siège social de Nestlé France. « Nous avons cherché à préserver la grande silhouette des moulins, le château, les grands volumes, les grandes hauteurs sous plafond ? en un mot, tout ce que l'on ne pourrait pas s'offrir dans le cadre d'un projet rationnel, tout en fabriquant une architecture nouvelle », explique Bernard Reichen. Le bâtiment du moulin à proprement parler mais aussi le silo à grains, le silo à préparation de mouture et le magasin à farine ont été préservés. Les silos qui avaient été rajoutés au fil du temps ont, en revanche, été détruits. De même, si l'enveloppe extérieure de ces bâtiments a été conservée ainsi que toute la poutraison en béton existante qui sera apparente dans les futurs bureaux, l'ensemble de l'appareil de production a été démonté. La chaudière à vapeur de type Babcock et Wilcox des années 1920 qui fournissait toute l'énergie du site a, à l'inverse, été conservée et deviendra une salle de musée. Le transbordeur, salle d'expoEn outre, le transbordeur, qui permettait de décharger la farine sur les péniches qui remontaient la Seine, accueillera pour sa part une salle d'exposition pour le comité d'entreprise. « Nous avons aussi adjoint des bâtiments neufs, beaucoup moins hauts que les moulins puisque leur hauteur est plafonnée à 24 mètres, pour construire un ensemble dans lequel chaque époque est bien lisible », indique Bernard Reichen. « Il faut préserver le patrimoine industriel, ne pas le raser, le réhabiliter », reprend l'architecte. « L'architecture industrielle du XIXe et du XXe siècle a des capacités de transformation extraordinaire ! » s'enthousiasme-t-il. Elle est capable d'accueillir de nouvelles fonctions ? culturelles, tertiaires ou résidentielles. « Se réapproprier un espace pour lui donner une nouvelle fonction constitue, d'ailleurs, une démarche ancestrale », conclut-il.La rénovation d'un bâtiment historique est plus onéreuse que la construction d'un bâtiment neuf. Mais les Grands Moulins vont plus que jamais avoir une image, une visibilité, une envergure forte. C'est ce qu'est venu chercher BNP Paribas qui orchestre l'opération de bout en bout. BNP Paribas Reim Assurances, la branche investissement immobilier du groupe bancaire, finance l'opération aux côtés de la Caisse nationale de prévoyance, Sogecap et Cardif assurances ; BNP Paribas immobilier, la branche promotion et plus exactement les équipes immobilier d'entreprise, la réalise ; BNP Paribas Securities Services, qui correspond à une partie du pôle Bourse de BNP Paribas, s'y implantera à compter de septembre. Le propriétaire des lieux étant aussi le promoteur de l'opération et le locataire, cette opération de réhabilitation a toutes les chances d'arriver à son terme, même en période de crise financière.Sophie SANCHEZInoccupés depuis 2003, les Grands Moulins de Pantin constituent une figure du patrimoine industriel du Nord-Est parisien. Remodelés, mais préservés, ils vont entamer une nouvelle vie. à compter du 1er septembre, 3.200 salariés seront répartis dans les 50.000 m2 de bureaux.
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