Les riches britanniques contre la hausse des impôts

Même Arsène Wenger y est allé de sa complainte. L'entraîneur de l'équipe de football d'Arsenal n'a pas apprécié l'augmentation annoncée la semaine dernière en Grande-Bretagne de l'impôt sur les plus riches. « Avec le nouveau système d'imposition et la chute de la livre sterling, la domination de la Premier League [championnat de football anglais, NDLR] va être terminée. » L'Alsacien craint que les joueurs étrangers hésitent désormais à venir dans les équipes anglaises, estimant que leur installation outre-Manche ne serait plus assez rentable.fuite des recettesLa décision par le gouvernement de Gordon Brown d'augmenter les impôts de 40 % à 50 % pour ceux qui gagnent plus de 150.000 livres (166.000 euros) n'en finit pas de provoquer des remous. Deux entrepreneurs ont déjà annoncé leur intention de quitter la Grande-Bretagne : Hugh Osmond, dont l'empire va des pubs aux assurances, et Peter Hargreaves, fondateur d'une entreprise de services financiers. Le premier affirme qu'il va partir en Suisse, tandis que le second hésite entre Monaco et l'île de Man. Richard Branson, le charismatique patron de Virgin, d'habitude proche des travaillistes, a également fait connaître son agacement.Le paradoxe est que le gouvernement ne va tirer que très peu de revenus de ces nouveaux impôts. Seules 350.000 personnes sont touchées, à peine plus de 1 % des contribuables. Et le Trésor britannique n'empochera que 1,2 milliard de livres (1,3 milliard d'euros), à comparer à une prévision de déficit de 175 milliards cette année. Le Centre for Economic and Business Research est beaucoup plus pessimiste, pariant une perte de recettes fiscales de 800 millions de livres, à cause du départ de 25.000 hauts salaires.L'explication est donc avant tout politique. Gordon Brown, qui accuse plus de 10 points de retard sur les conservateurs dans les sondages, veut marquer sa différence. La colère contre les riches est profonde outre-Manche : un récent sondage Ipsos indique que 53 % des Britanniques soutiennent une hausse des impôts. Mais le pari est dangereux, car il brise une vieille promesse des travaillistes de ne pas augmenter la tranche supérieure d'imposition, sans résoudre l'équation du déficit britannique. Gordon Brown, qui cherchait à se façonner une image de justicier fiscal, risque surtout de passer pour un man?uvrier politique. Éric Albert, à Londre
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