Sombre pronostic pour l'économie italienne

ConjonctureLe gouverneur de la Banque d'Italie, Mario Draghi, a dressé hier un sombre diagnostic de l'économie italienne, mais il s'est gardé de mettre en cause l'action du gouvernement Berlusconi. « Quelqu'un m'a dit que son discours était justement très berlusconien », s'est d'ailleurs réjoui le président du Conseil, interrogé sur les propos de Mario Draghi. La situation est en tout cas très critique dans la troisième économie de la zone euro. « En Italie, la crise mondiale provoquera, selon les prévisions les plus récentes, une chute du PIB d'environ 5 % cette année, après un recul de 1 % en 2008 », a lancé le gouverneur. Le gouvernement avait lui-même abaissé sa prévision le mois dernier d'une récession de 2,2 % à 4,2 % pour 2009. Face à la chute des exportations, c'est-à-dire de la demande extérieure, les entreprises ferment des lignes de production ou des usines et diffèrent leurs investissements.Et une amélioration n'est pas encore en vue : « Les récents signaux d'affaiblissement de la phase la plus aiguë de la récession proviennent des marchés financiers et des sondages d'opinion, plus que des statistiques sur l'économie réelle disponibles jusqu'ici », souligne la banque centrale italienne. « réforme organique » Entre-temps, la crise frappe l'emploi. Mario Draghi a rappelé que seul un tiers des salariés du privé, surtout ceux des grandes entreprises, peuvent bénéficier des indemnités de chômage technique. « Le contrat de plus de deux millions de salariés à durée déterminée arrive à échéance au cours de cette année » et risque donc de ne pas être renouvelé. « On estime que 1,6 million de salariés et assimilés n'ont droit à aucune aide en cas de licenciement », s'alarme la Banque d'Italie, notant que même parmi ceux ayant droit à une indemnité, 800.000 n'auraient droit qu'à moins de 500 euros par mois. D'où son appel à « une réforme organique et rigoureuse » de la protection sociale italienne et en particulier de l'assurance chômage, très lacunaire et fragmentée. Comme le patronat italien il y a quelques jours, Mario Draghi s'inquiète qu'en l'absence de réformes structurelles, l'Italie peinera à sortir de la crise actuelle. « À la fin de la crise, le poids de la dette sur le PIB sera de toute façon très élevé, revenant au niveau du début des années 1990 », c'est-à-dire pour 2009 à 114,3 % du PIB, selon la prévision du gouvernement. La Banque d'Italie estime que si le pays devait rester dans sa basse croissance des quinze dernières années, « il sera plus difficile encore de réduire la dette publique », désormais astronomique. Silvio Berlusconi risquera-t-il sa forte popularité pour réaliser les réformes demandées par Mario Draghi et le patronat, comme celle du système scolaire ou les libéralisations ? Le Cavaliere le promet depuis quelques jours. Reste à voir s'il passera aux actes. n
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