En quelques années, l'artisanat marocain est passé du folklo...

La mue du made in MoroccoIl suffit de faire un tour dans le souk de Marrakech pour s'en rendre compte : l'artisanat marocain a opéré en quelques années une mue spectaculaire. Entre rustique chic et art ethnique. Poteries tout en sobriété aux couleurs trendy prune, vert pomme ou chocolat. Consoles habillées de cuir, poufs cubiques aux couleurs pétantes. Dinanderie au sommet de son art avec des lustres et des appliques que se disputent les intérieurs les plus branchés. Seule la bonne vieille tradition du marchandage n'a rien perdu de sa vitalité. « Nos équipes ont été étonnées de trouver autant de modernité. En cinq ans le visage de l'artisanat a complètement changé tout en ayant su garder sa spécificit頻, constate Michel Roulleau, directeur général adjoint des Galeries Lafayette. Le grand magasin du boulevard Haussmann à Paris accueille dans une trentaine de ses vitrines une scénographie réalisée sous la direction du styliste marocain Karim Tassi. Silhouettes de femmes raffinées et d'hommes des sables, caravane transportant meubles de cuir, bibelots ciselés, candélabres et miroirs de toutes tailles, pique-nique sous les oliviers et les cages à oiseaux, déballage de vaisselle multicolore, ces objets traduisent une créativité tous azimuts et une bonne compréhension du goût occidental. Leurs auteurs ? Des noms à retenir, de Myriam Mourabit à Younes Duret en passant par Mostapha el-Oulhani, Hicham Lahlou, Naim Mahdi ou encore Sophia Tazi, Toufik Belaffari. Mostapha el-Oulhani signe ainsi une bibliothèque aux formes hexagonales, Myriam Mourabit des tajines violette, prune ou rouge ciselées d'or.Des milliers d'emploisCette mutation ne doit rien au hasard. Mais beaucoup à la volonté de l'État conjuguée à l'émergence de cette génération de jeunes designers marocains. Conscient de la manne financière à tirer du secteur de l'artisanat, les pouvoirs publics ont lancé un contrat-programme pour son développement baptisé Vision 2015. L'enjeu économique est important : au Maroc 2 millions d'artisans font vivre plus de 10 millions de personnes. 117.000 nouveaux emplois ont ainsi été créés à travers six grandes filières : décoration, architecture, ameublement, habillement, bijouterie et produits du terroir. Objectif : générer un chiffre d'affaires de 7 milliards de dirhams (621.728 euros) en 2015. L'enjeu politique n'est pas non plus négligeable : les artisans sont surreprésentés au Parlement marocain ? derrière le tourisme et devant la pêche ? avec 20 % de conseillers. Du coup, le secrétariat d'État à l'Artisanat multiplie la présence de ces créations dans les salons professionnels les plus prestigieux en matière de décoration comme le Salon du meuble de Milan, Index à Dubaï ou encore Maison et Objet à Paris. Hicham Lahlou y a d'ailleurs été primé avec sa théière « Koubba », présentée à Scènes d'intérieur. Diplômé « architecte d'intérieur et designer » à l'Académie Charpentier Paris en 1995 et après plusieurs années passées en France et aux USA, il a créé la première agence de design pluridisciplinaire du Maroc et est aujourd'hui l'un des designers franco-marocain les plus connus. Sophie Péte
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