À la City aussi le salaire des banquiers fait débat

RémunérationsSous la chaleur accablante qui s'est abattue sur Londres, la conférence annuelle de London Business School ronronnait doucement hier autour des promesses des banquiers de tirer les leçons de la crise. Stephen Hester, le nouveau patron de Royal Bank of Scotland (RBS), un établissement nationalisé à 70 %, affichait sa volonté de faire preuve « d'humilit頻. Anshu Jain, de Deutsche Bank, soulignait la nécessité de mieux encadrer la finance.indignationJusqu'à ce que surgisse une question sur le salaire de Stephen Hester. La semaine dernière, l'homme a reçu l'approbation de son conseil d'administration pour percevoir un salaire maximal de 9,7 millions de livres (11,4 millions d'euros). Certes, 1,6 million seulement est fixe, le reste est composé de bonus qui dépendent du prix de l'action RBS. « Mais comment justifier un tel salaire alors que, pour financer le sauvetage de votre banque, nos impôts sont augmentés ? », attaque Michael Azlen, un financier qui a monté son entreprise de gestion d'actifs, présent dans la salle. L'assistance, pourtant composée de la fine fleur du capitalisme britannique, a immédiatement applaudi. « Qui estime que cette rémunération est justifiée ? » demande le même financier. Tout juste quatre mains se lèvent parmi les centaines de personnes présentes?John Kingman, le directeur de UK Financial Investments, l'organisme gouvernemental en charge de gérer l'investissement de Downing Street dans les banques, a tenté de défendre cette décision salariale. Étant donné que l'État possède 70 % du capital de RBS, c'est lui qui l'a approuvée. « C'est un salaire qui dépend énormément de la réussite de Stephen Hester. » Effectivement, pour qu'il touche le maximum, l'action de RBS devra atteindre 70 pence, presque le double de son niveau actuel. « De plus, nous avons décidé de gérer la banque de façon commerciale. Nous pourrions payer moins, mais je crois que ce serait risqué de ne pas recruter les meilleurs. »Interrompant sa réponse, un membre du public laisse éclater sa colère : « Mais le problème est qu'il n'a rien à perdre. » Julian Franks, professeur de finance à la London Business School, confirme : « Il faut que les dirigeants aient quelque chose à perdre s'ils échouent. Si Stephen Hester investissait 1 million de livres de sa propre poche, cela changerait tout. » Pendant ce temps-là, le principal intéressé ne dit mot. Tout juste précise-t-il en marge de la conférence que la « transparence » de sa rémunération était l'essentiel. Mais, sans ciller, il conclut la conférence avec ces mots : « Des forces puissantes cherchent à bloquer les réformes. » Effectivement. Éric Albert, à Londres« Si Stephen Hester investissait 1 million de livres de sa propre poche, cela changerait tout. »
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