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Françoise Gri, le travail et la diversitéFrançoise Gri figure dans le top 50 des femmes d'affaires les plus influentes au monde. Pourtant, à écouter cette provinciale, ingénieur en informatique et mathématiques appliquées, être PDG, d'IBM France hier, de Manpower France aujourd'hui, n'était pas une fin en soi. « Ma passion, c'est de faire en sorte qu'un certain nombre de sujets comme la mixité, dans les comités d'administration notamment, la possibilité pour les femmes de progresser dans l'entreprise ou encore s'assurer de l'équité des promotions, ne restent pas de belles intentions », annonce d'entrée de jeu cette quinquagénaire. Voilà pourquoi elle a accepté la vice-présidence de la Fondation Agir contre l'exclusion et a intégré le comité d'éthique du Medef. Cette fille unique a été élevée par une mère veuve très jeune. « Ça a structuré ma façon de voir les femmes dans la vie », assure-t-elle.Attirée par un secteur en pleine expansion, elle entre chez IBM France en 1981 comme ingénieur commercial et y gravit tous les échelons. « C'est une entreprise qui a des politiques de recrutement définies, mais, une fois passé la porte, on ne se préoccupe plus de son diplôme, ce qui n'est pas le cas d'un certain nombre d'entreprises françaises? », souligne Françoise Gri. Vingt-six ans plus tard, elle quitte le groupe pour prendre la présidence du numéro deux français du travail temporaire. « L'opportunité Manpower, c'était la conjonction de deux choses : l'ouverture sur la société et le marché du travail, qui permet d'être dans la vie réelle du pays. Et puis la deuxième chose, très particulière à Manpower, c'est que la France représente 33 % de son chiffre d'affaires, donc il y avait la possibilité d'être à la fois un acteur en France et à l'international », explique-t-elle.Dès son arrivée, elle lance un grand chantier de « refondation », qu'elle mène tambour battant. Sa priorité : redéployer une partie de l'activité vers le recrutement permanent pour le compte des entreprises, comme l'y autorise la loi Borloo. Avec à la clé un défi : débarrasser le travail temporaire de sa mauvaise réputation. « Notre image progresse, mais ça fait partie des grands dogmes liés au marché du travail qui consistent à dire : travail temporaire = précarité. » Son groupe, qui fait près de 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires et compte 4.000 permanents, n'échappe pas aux conséquences de la récession. « Avant la crise, c'était 1.300.000 personnes à l'emploi tous les jours sous la forme de travail temporaire », souligne sa présidente. En cause, un retournement du marché en mai 2008 : « Nous avons démarré l'année avec une activité qui était 40 % inférieure à celle de l'année précédente, et on est encore dans des volumes qui sont 35 % inférieurs à ceux de l'année dernière. » Le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, qui l'a connue lorsqu'il était ministre du Travail, parle d'elle comme d'une dirigeante « visionnaire » : « Dans la crise de ces derniers mois, elle a su montrer l'exemple en refusant tout plan social alors que le travail intérimaire a été l'un des secteurs les plus touchés. »Mais, au-delà, cette femme d'influence souhaite « laisser une petite trace » sur un certain nombre de sujets qui lui tiennent à c?ur. À commencer par le « clonage » des recrutements contre lequel elle se bat : « On croit minimiser le risque de recrutement en allant recruter des profils préétablis dans une liste d'écoles extrêmement réduites, où on va chercher des expériences identiques. En réalité, ça réduit aussi la créativité, la diversité et le capital richesse d'une entreprise. »Tatiana Renard-Barzach
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