Les taux de la Fed continuent de plonger

Il aura fallu deux fois moins de temps à Ben Bernanke qu'à son prédécesseur pour ramener le principal taux directeur de la Réserve fédérale américaine à 1 %. De 2001 à 2003, Alan Greenspan avait mis trente mois à le descendre à ce niveau plancher. Entre septembre 2007 et hier, le comité de politique monétaire de la Fed a abaissé le taux directeur d'un total de 4,25 points, à l'occasion de réunions ordinaires et extraordinaires. L'avant-dernière en date était en particulier totalement inédite : le 7 octobre dernier, six grandes banques centrales ont assoupli leur politique monétaire de façon concertée. L'occasion pour la Fed de baisser son taux directeur d'un demi-point, à 1,5 %.De nombreux économistes et les membres de la Fed eux-mêmes doutent de l'impact de la baisse des taux décidée hier. Il n'est pas sûr que réduire l'objectif des fonds fédéraux de 1,5 % à 1 % ait beaucoup d'effet sur l'activité ou encore la distribution de crédit par les banques. Et pour cause : dans l'environnement actuel, les taux d'intérêt qui servent de courroie de transmission, comme les taux du marché des « commercial papers » (certificats de dépôt et billets de trésorerie), les taux hypothécaires et les taux swap, sont à peine influencés par les fed funds. Mais les marchés étant fragiles, il eût été extrêmement périlleux de les décevoir. Confrontée à une détérioration continue du marché immobilier, à une confiance en berne ? mardi, l'indice de confiance des consommateurs est tombé de 61,4 à 38, son plus bas niveau historique (depuis 1969) ?, et plus généralement à une détérioration des perspectives économiques, la Fed s'emploie donc à rassurer les investisseurs sur sa volonté d'éviter une récession durable. La déflation inquiète« Le rythme de l'activité économique a ralenti sensiblement », signale-t-elle ainsi dans son communiqué dans lequel elle évoque « un déclin des dépenses des ménages » et un « affaiblissement » de la production industrielle de l'investissement des « entreprises en biens d'équipement ». Autant de raisons qui l'ont poussée à abaisser également son taux d'escompte de 0,50 point, à 1,25 %.La banque centrale a par ailleurs indiqué qu'elle prévoyait « une modération de l'inflation dans les trimestres à venir ». La baisse des prix des matières premières, et en particulier du pétrole, a en effet permis de modérer les pressions inflationnistes. A tel point que c'est maintenant la déflation qui inquiète. « Dans les années à venir, l'inflation pourrait descendre à des niveaux trop bas pour assurer la stabilité des prix », a déclaré la présidente de la Réserve fédérale de San Fransisco, Janet Yellen, ce mois-ci. Le problème de la déflation, c'est-à-dire de la baisse absolue du niveau des prix, est qu'elle s'auto-entretient. Elle érode les marges des entreprises qui ont alors tendance à licencier leurs employés. Le chômage réduit alors la consommation et le cercle vicieux est enclenché. En pareille situation, la politique monétaire n'est pas d'une grande aide. Dès lors, beaucoup craignent que la Fed, obligée de continuer à baisser ses taux, ne se retrouve bientôt à court de munitions. L'autre critique qui ne manquera pas d'être adressée à la Fed (et aux autres banques centrales) est d'agir comme un « pompier pyromane ». C'est en effet le maintien de taux bas pendant une période prolongée qui a favorisé l'émergence de la bulle du crédit.
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