En Espagne, l'état met sous tutelle une caisse d'épargne en difficulté

L'Espagne compte désormais sa première victime de la crise financière internationale : la Caja Castilla La Mancha (CCM), dont la Banque d'Espagne a décrété ce week-end la mise sous tutelle, ce qui suppose la destitution de son conseil d'administration et son remplacement par trois administrateurs. Un Conseil des ministres réuni en toute hâte dimanche soir décidait par ailleurs d'accorder l'aval public à une ligne de crédit d'un maximum de 9 milliards d'euros qui permettra à la Banque d'Espagne de renflouer la CCM. Le ministère de l'Économie estime qu'environ un tiers de cette somme est nécessaire pour satisfaire les nécessités immédiates de liquidités. Avec 1 million de clients, 600 bureaux et 26,3 milliards d'euros d'actifs, la CCM est la onzième « caja » du pays, mais avec une position de leader dans toute la Nouvelle Castille.Le ministre de l'Économie, Pedro Solbes, a multiplié tant dimanche soir qu'hier les déclarations se voulant rassurantes : la CCM faisait seulement face à « des difficultés transitoires de liquidit頻, son patrimoine net reste positif et les dépôts de ses clients sont en totale sûreté. Mais il n'en reste pas moins que cette première mise sous tutelle d'une entité financière depuis celle de Banesto en décembre 1993 ressemble furieusement à une mesure in extremis. alerte dès janvierLa CCM souffrait de sa forte exposition au secteur immobilier, et du douteux privilège de compter parmi ses débiteurs précisément les entreprises du secteur faisant face aux pires difficultés, de Colonial à Martinsa en passant par Astroc. Sans compter sa participation de 25 % au sein de l'aéroport privé de Ciudad Real, récemment inauguré mais pratiquement sans trafic. La politique de concession de crédits menée par son président, l'ancien député socialiste Juan Pedro Hernández Molto, avait d'ailleurs amené le vice-président de l'entité, Jesús Bárcenas, à crier au casse-cou et à démissionner en janvier.Dans ce contexte, les retraits de dépôts de ses clients ont augmenté au même rythme que les rumeurs alarmistes sur le futur de l'établissement. Le gouvernement a alors tablé sur une solution entre entités : une fusion avec l'andalouse Unicaja (« La Tribune » du 3 mars). Jusqu'à ce que Unicaja, vendredi dernier, déclare forfait, considérant insuffisantes les compensations offertes par la Banque d'Espagne pour reprendre un tel canard boiteux. C'est donc à cette même Banque d'Espagne qu'il appartient maintenant de renflouer la « caja » en péril, sans doute avant de la revendre à une entité tierce, comme ce fut le cas il y a quinze ans avec Banesto.
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