La taxe carbone, l'impôt bobo

Ségolène Royal et son intuition politique ont encore fait mouche, prenant pour cible la future taxe carbone que prépare le gouvernement pour le budget 2010. Impôt « injuste » selon la dirigeante socialiste, cette nouvelle contribution va « assommer » les ménages qui n'ont pas le « libre choix de rouler propre ». Les ménages ruraux en particulier, qui se trouvent bien souvent contraints d'aller travailler en voiture, faute de transport en commun. C'est le paradoxe de la vie moderne : le rat des champs pollue davantage que le rat des villes, au moins lorsqu'il se déplace. Achetant davantage d'essence, le rural paiera donc plus de taxe que le citadin? D'où l'engouement des bobos parisiens pour ce nouvel impôt sorti du cerveau fécond de notre expert en créativité fiscale, Michel Rocard : ils sont pour, puisqu'ils roulent à vélo ou en métro. La taxe carbone a cela de bon qu'elle donne aux citadins une bonne conscience à faible prix. En revanche, pour les provinciaux et les habitants de la grande banlieue, la paix intérieure sera plus dispendieuse.Le gouvernement projette de corriger cette inégalité avec un mécanisme de redistribution qui pourrait être le « chèque vert ». Ici, il faut s'arrêter un instant, car le mystère de la taxe carbone devient aussi épais que la chevelure de son deuxième père spirituel, Jean-Louis Borloo. Le chèque vert est une allocation versée aux ménages, dont le montant varierait en fonction des ressources, du nombre d'enfants, du lieu de résidence, etc. Et peut?être aussi de la couleur des yeux du chef de famille. Où trouvera-t-on l'argent de cette nouvelle allocation ? Il sera fourni par le produit de la taxe carbone elle-même. Les ménages « vertueux » feraient ainsi une plus-value ? ils recevraient davantage qu'ils ne paieraient en taxe ? tandis que les « vicieux », gros émetteurs de carbone et autres propriétaires de 4×4, y seraient de leur poche. Brillant échafaudage intellectuel, ce dispositif est à peu près incompréhensible : comme tous les enfants, il ressemble à ses deux parents.Au plan politique, la taxe carbone est donc devenue une machine à prendre des coups. D'autant qu'elle intervient après une litanie de nouveaux prélèvements. Et alors qu'Éric Woerth, ministre du Budget, pourchasse les exilés fiscaux au-delà des frontières, avec des déclarations menaçantes. Insensiblement, le visage du gouvernement est en train de changer en matière d'impôt. Arrivé il y a deux ans pour libérer la croissance, le voici qui ne pense plus qu'à remplir les caisses. [email protected] françois lenglet
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