Les marchés émergents

Dans un contexte où les emballements sont vite déçus, le moindre rebond des marchés est considéré comme suspect. Surtout dès lors qu'il atteint des amplitudes de 9 % en une seule séance et qu'il concerne comme ce fut le cas hier les marchés des pays émergents. Hier, l'indice MSCI de cette zone a ainsi regagné plus de 23 %, par rapport à son plus bas niveau de quatre ans touché lundi soir en fin de séance. Par les temps qui courent, ce genre de nouvelle a certes un air de « déjà-vu ». D'autant que cet indice perd tout de même 53 % depuis le début de l'année. Pourtant, si cette volatilité reste inquiétante, et si cette envolée ne met pas à l'abri de nouveaux plongeons, certains intervenants veulent déjà voir dans cet énième rebond l'amorce d'un petit dégel. Les gestes de la Fed et du FMI à l'adresse de plusieurs pays émergents ont, il est vrai, eu cette fois un certain impact sur les investisseurs. 30 milliardsOutre la baisse des taux américains, la Banque centrale américaine a annoncé qu'elle allait allouer 30 milliards de dollars de lignes de swaps (accords d'échange de devises) supplémentaires à quatre banques centrales de pays émergents. En l'occurrence, à celles du Brésil, du Mexique, de la Corée du Sud et de Singapour. Par ailleurs, l'institution a été rejointe dans son intervention par le FMI qui a approuvé la création d'un nouvel instrument. à savoir, la « facilité de liquidité à court terme » qui permettra de décaisser rapidement des financements au profit de « pays dotés de politiques économiques solides », mais qui se trouvent, comme le Brésil par exemple, « confrontés à des problèmes de liquidité temporaires sur les marchés de capitaux ». fragilité « Ces annonces sont des signaux encourageants pour le march頻, estime Richard House, gérant spécialiste des marchés émergents chez Threadneedle, « d'autant qu'elles s'ajoutent aux aides accordées à la Hongrie et à l'Ukraine. » Selon lui, « elles devraient soulager la crise de liquidité dont souffrent ces pays et aider à une nouvelle contraction des primes de risques (spreads) par rapport aux niveaux actuels ». Celles-ci ont au cours des dernières semaines atteint des niveaux record.Après avoir touché les 430 points de base fin octobre, les spreads se sont encore élargis cette semaine, passant cette fois le cap des 850 points de base. Tant sur le marché de la dette que sur les actions, les marchés ont donc atteint des niveaux extrêmes. Un argument de plus ? et de poids ? pour les intervenants. « Plusieurs signes encore fragiles marquent un certain changement depuis deux semaines », relève à ce sujet David Gaud, gérant spécialiste de l'Asie chez Edmond de Rothschild AM, « nous avons notamment constaté que certains investisseurs de long terme (à l'opposé de hedge fund) revenaient timidement sur le marché. » En outre, poursuit-il, « le volume est légèrement plus étoffé qu'auparavant » et « certains titres de qualité montrent une meilleure résistance ». Pour autant, cette récente euphorie est à considérer avec prudence. La rapidité avec laquelle les capitaux se déplacent est suffisamment éloquente. Après avoir investi plus de 40 milliards de dollars dans ces seuls marchés en 2007, les fonds mutuels internationaux en ont tout de même retiré 38 milliards cette année.
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