Guillaume Pepy, le pro du rail intronisé à la tête de la SNCF

Le rêve de Guillaume Pepy se réalise. Le directeur général de la SNCF va prendre la présidence de l'entreprise, en remplacement d'Anne-Marie Idrac. Cet énarque de bientôt 50 ans a été nommé hier au conseil d'administration de la SNCF, a annoncé le Premier ministre, François Fillon, dans un communiqué, ce qui lui ouvre une voie royale vers la présidence de la SNCF. Sa nomination pour cinq ans devra être entérinée lors d'un conseil d'administration extraordinaire de la SNCF, lundi prochain. Avant d'être officialisée en Conseil des ministres le mercredi 27 février.Anne-Marie Idrac, arrivée aux manettes de l'entreprise en juillet 2006 pour remplacer Louis Gallois, était pourtant donnée gagnante depuis quelque temps. Mais Nicolas Sarkozy en a décidé autrement. Même si la " décision n'a pas été facile à prendre ", selon des sources proches du dossier.Guillaume Pepy, entré à la SNCF en 1988, ne sera donc plus l'éternel Poulidor aspirant à devenir numéro un. Lors du départ précipité du charismatique Louis Gallois chez EADS en 2006, il avait déjà espéré prendre ce poste. Mais il n'avait pas trouvé sa place dans le jeu de chaises musicales organisé à l'époque : souhaitant trouver un poste à Pierre Mongin, directeur de cabinet de Dominique de Villepin, le gouvernement l'avait nommé à la tête de la RATP... et avait du coup propulsé sa présidente, Anne-Marie Idrac, aux commandes de la SNCF. Guillaume Pepy, qui, selon les syndicats, " était aux manettes de l'entreprise ", espérait bien que le vent tournerait en sa faveur cette fois-ci. Il avait d'ailleurs prévenu que si tel n'était pas le cas, il ne resterait pas à la SNCF." Le président de la République a pensé que la personne la plus apte à mettre en oeuvre un projet aussi ambitieux que possible pour la SNCF tout en conservant la continuité de l'entreprise était Guillaume Pepy ", indique à La Tribune une source proche du dossier. De là à voir dans le choix de Nicolas Sarkozy une sanction à l'égard d'Anne-Marie Idrac, dont le mandat court jusqu'au 25 février, il n'y a qu'un pas. " Anne-Marie Idrac n'a pas démérité ", assure toutefois cette même source. De fait, elle a bien oeuvré en 2007 au lancement de la restructuration du fret, à la réforme sur le service minimum et à celle des retraites. Mais cette ancienne députée UDF avait aussi commis quelques impairs, en disant qu'elle préférait la négociation à une loi sur le service minimum, ou en révélant, lors de l'inauguration du TGV Est, que le premier ministre, François Fillon, avait pris l'avion pour se rendre à Strasbourg. Des interventions qui auraient irrité au plus haut niveau de l'État. Malgré sa bonne connaissance des arcanes de la politique, elle n'avait pas non plus particulièrement travaillé ses soutiens pour appuyer sa reconduction à la tête de la SNCF. Elle en rêvait pourtant. Mais elle devrait se consoler en se voyant proposer la mise en place du projet de Grand Paris. Un sujet qui l'amènera à continuer à être en contact avec la SNCF.LA CONFIANCE DE XAVIER BERTRANDGuillaume Pepy, de son côté, a gagné la confiance du ministre du Travail, Xavier Bertrand, lors de la mise en place de la réforme sur les retraites. Et l'on sait combien Xavier Bertrand est apprécié de Nicolas Sarkozy. En choisissant l'ancien directeur de cabinet de Martine Aubry pour prendre la tête de la SNCF, le président de la République tente aussi peut-être un nouvel acte d'ouverture.C'est surtout un très bon connaisseur de la SNCF qui en prend la présidence. " Guillaume Pepy incarne la vraie connaissance intime du groupe ", indique un observateur. Malgré ses quelques allers-retours entre les milieux ministériels et le privé, il est entré pour la première fois à la SNCF comme directeur de cabinet du président. Il devient ensuite directeur de la stratégie, pilote l'ensemble des activités voyageurs et participe au déploiement du TGV. " Guillaume Pepy ne s'est pas intéressé qu'au TGV ", plaide un expert de l'entreprise. Le fils spirituel de Louis Gallois a ainsi " aussi participé à la construction de Fret SNCF comme une quasi-famille ".Ce grand communicant, très présent sur les ondes cathodiques pour défendre les intérêts et l'image de la SNCF, va devoir accompagner l'opérateur ferroviaire national dans la poursuite de sa mutation. Entre la restructuration du fret, l'ouverture à la concurrence dans le transport de voyageurs et le développement indispensable en Île-de-France, les chantiers ne manquent pas.Chronologie1988 : Entre à la SNCF comme directeur de cabinet du président.1991-1993 : Directeur de cabinet de Martine Aubry, ministre du Travail.1995 : Directeur de la stratégieà la SNCF.1995-1997 : Directeur général adjointde la Sofres.1997-1998 : Directeur des grandes lignes à la SNCF.2003 : Directeur général exécutifde la SNCF, jusqu'en février 2008.
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