Corruption : l'ex-président de Volkswagen plaide l'ignorance

Je ne savais rien. Ce n'était pas dans mes attributions. " C'est à plusieurs reprises dans les quelque deux heures d'interrogatoire que l'actuel président du conseil de surveillance de Volkswagen, Ferdinand Piëch, arépété cette phrase hier. Il était convoqué à titre de témoin devant le tribunal de Brunswick. Dans le box des accusés, deux personnes : l'ancien président du comité d'entreprise, Klaus Volkert, qui comparait pour abus de confiance pour avoir encaissé nombre de pots-de-vin et d'avantages en nature, aux côtés d'un ex-responsable du personnel, Klaus-Joachim Gebauer, accusé d'abus de biens sociaux.L'ancien patron de Volkswagen, qui s'est présenté au juge comme " constructeur ", a commencé par décrire la situation catastrophique dans laquelle se trouvait Volkswagen à son arrivée en 1993. 30.000 salariés de trop en Allemagne alors que le taux de chômage à Wolfsburg, siège du groupe, dépassait déjà les 15 %, 14.000 chez Seat en Espagne. S'il était du devoir du directoire de trouver une solution qui évite tout licenciement et remettre le groupe d'aplomb, le petit-fils de l'inventeur de la Volkswagen a précisé aussi que les statuts internes donnent clairement au directeur des ressources humaines l'entière responsabilité des liens avec les représentants des salariés."DETAILS"Tous les membres d'un directoire dans le droit allemand sont responsables des décisions prises en commun mais chacun a la responsabilité de ses domaines d'attribution. Au nom de cette répartition des pouvoirs, Ferdinand Piëch affirme qu'il n'était pas au courant des dérives du système, faisant entièrement confiance à son directeur Peter Hartz. " Si j'avais été alerté, soyez assurés que j'aurai ordonné une enquête " , s'est-il même permis d'ajouter. La faiblesse des sommes en jeu explique que celles-ci soient passées inaperçues des années durant, a-t-il plaidé. Et de reconnaître qu'il ne s'occupait pas " de tels détails " comme la rémunération des représentants des salariés.Habilement, il a évité toutefois de parler d'un système, reconnaissant seulement que Volkswagen obéissait à des lois particulières. " Nos statuts imposent une majorité des deux tiers au conseil de surveillance pour toute décision importante. C'est différent d'une autre entreprise ", a-t-il rappelé. Sans l'aval des représentants des salariés, aucun investissement hors des frontières ou fermeture d'usine ne sont ainsi possibles. En janvier 2007, l'avocat de Peter Hartz avait clairement justifié les largesses concédées au nom de la cogestion allemande et du système Volkswagen. Ferdinand Piëch a seulement reconnu que cette organisation justifiait que le président du comité d'entreprise soit traité comme un " top manager ".
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