La vente d'EADS Socata à Daher a créé des tensions avec l'Espagne

C'est dans la douleur et au prix d'un énorme clash avec l'État espagnol qu'EADS a annoncé vendredi le début des négociations exclusives avec le français Daher, pour la reprise de sa filiale spécialisée dans l'aérostructure Socata, comme l'avait dévoilée La Tribune le 1 er juillet. Cette opération capitalistique, complètement liée à l'attribution à Daher-Socata de la fabrication des trappes de trains d'atterrissage du futur A350, prévu pour 2013, a soulevé l'ire d'Airbus Espagne, qui réclamait à cor et à cri cette charge de travail. Et ce, en faisant valoir qu'un tel engagement avait été pris sur la première mouture de l'avion fin 2004. " Cela a été très chaud ", confie-t-on en interne. L'affaire est même remontée au plus haut niveau de l'État espagnol (il détient 5,4 % d'EADS)... Jusqu'au roi Juan Carlos, qui, briefé sur le sujet le 26 juin lors de la sortie d'usine de l'avion militaire A400M à Séville, a tapé du poing sur la table.CONTREPARTIESLe président d'EADS, Louis Gallois, aurait même été contraint de traverser les Pyrénées la semaine dernière pour dégripper la situation. L'Espagne a obtenu des contreparties, probablement la fabrication du carénage ventral de l'A350. L'histoire qui s'est jouée en coulisse a une nouvelle fois illustré les énormes difficultés de la répartition des charges de travail entre les " quatre pays Airbus ", l'Allemagne, La France, la Grande-Bretagne et l'Espagne.C'est le déblocage espagnol qui a permis l'annonce de l'entrée des négociations exclusives avec Daher, six mois après l'ouverture des discussions. Au-delà de sa proximité avec Patrick Daher, président de la société éponyme, Louis Gallois préférait le couple Daher-Socata. D'abord parce qu'ils maîtrisent la fabrication des trappes de trains d'atterrissage, le premier la réalisant sur l'A320, le second sur l'A380. Ensuite parce que l'opération lui permettra d'avancer dans sa politique d''externalisation accrue, avec une solution tricolore à la clé. " Si les négociations aboutissent, la transaction sera finalisée en septembre ", explique un proche du dossier. Selon d'autres sources, Daher détiendrait environ 70 % de Socata, EADS conservant le solde. Après l''échec de la vente en mars des usines allemandes d'Airbus d'Augsbourg, de Nordeham et Varel, puis en avril des sites français de Méaulte et Saint-Nazaire, EADS est en bonne position pour la cession des autres usines envisagées. La vente de celle de Filton (production des ailes), en Angleterre, à GKN est proche. Celle de Laupheim (aménagement des cabines), en Allemagne, aux corepreneurs Diehl et Thales doit être finalisée au salon aéronautique de Farnborough, qui se tient du 14 au 20 juillet.Airbus pourrait placer l'A380 au JaponAirbus pourrait vendredes A380 au Japon, marché cadenassé par Boeing (voir " La Tribune " du 17 mars). Selonle quotidien financier " Nikkei" la deuxième compagnie aérienne japonaise, All Nippon Airways (ANA), prévoit de commander cinq exemplaires. La décision sera prise en septembre. Selon l'AFP, ANA va bientôt lancerun appel d'offres pour des appareils très gros porteurs auprès d'Airbus et Boeing, qui proposera son nouveau B747-8, prévu en 2010, mais qui ne compte qu'un seul client.
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