Les indemnités de l'ex-PDG de Carrefour obligent l'Etat à réagir

La polémique qui enfle à la suite des conditions de départ du PDG de Carrefour Daniel Bernard - une indemnité de 9,8 millions d'euros et un complément de retraite correspondant à 40 % de son salaire annuel, pour lequel le groupe a provisionné 29 millions d'euros - a conduit le gouvernement à réagir vite. Le ministre de l'Economie a annoncé samedi son intention de faire adopter une disposition soumettant au vote des actionnaires l'attribution des indemnités de départ aux patrons quittant leur groupe. Pour ce faire, Thierry Breton s'associera au député Pascal Clément, président de la commission des lois de l'Assemblée, pour déposer dès juin un amendement dans ce sens dans le cadre du projet de loi sur la modernisation de l'économie. L'ancien PDG de France Télécom a déclaré "comprendre l'émotion" des citoyens face à des montants qu'il a qualifiés "d'extravagants quand il s'agit d'un seul individu".Critiques. De fait, alors qu'une génération de patrons s'apprête à passer la main (Louis Schweitzer chez Renault, Jean-René Fourtou chez Vivendi Universal, rien que pour cette semaine), le gouvernement se devait de réagir, d'autant que le débat sur les salaires bat son plein. Depuis l'annonce mercredi du montant des indemnités de Daniel Bernard, les critiques se sont multipliées dans la classe politique de droite comme de gauche - seul le Medef demeurant silencieux. Dernière réaction en date, l'Association française des petits porteurs actifs (Appac) a annoncé samedi avoir déposé une plainte contre X pour abus de biens sociaux et recel.En visite en Chine avec Jean-Pierre Raffarin, l'ex-PDG de Carrefour avait pourtant tenté la veille de se défendre. Il a notamment déclaré ne pas avoir "bénéficié d'indemnités de départ" mais de l'application d'un contrat comportant une clause de non-concurrence. Et il a déploré l'"amalgame" entre les sommes qu'il va toucher et celles provisionnées par Carrefour.Opacité. Reste que cette affaire s'ajoute à une liste déjà longue de polémiques ayant entouré les conditions contractuelles de départ de dirigeants - sur lesquelles règne souvent la plus grande opacité. Le premier scandale a éclaté en octobre 1999, lorsque Philippe Jaffré, président d'Elf, a démissionné après le rachat de son groupe par TotalFina. Ses indemnités ont été évaluées à l'époque entre 200 et 300 millions de francs. Ensuite, les départs de Jean-Marie Messier (Vivendi Universal) puis de Pierre Bilger (Alstom) ont défrayé la chronique - d'autant plus qu'il s'agissait de groupes connaissant de graves difficultés -, ce qui a conduit les deux hommes à finalement renoncer à leurs indemnités. Plus récemment, le feuilleton a été nourri par les conditions de départ dont ont bénéficié Jean-Pierre Rodier (ex-patron de Pechiney, racheté par Alcan), Igor Landau (ex-PDG d'Aventis repris par Sanofi) ou encore Serge Weinberg, ancien président de PPR.N. T.
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