Une opération qui met la Société Générale sous pression

C'est inévitable. À chaque mouvement stratégique de BNP Paribas, tous les regards se tournent... vers la Société Générale. Entre les deux champions bancaires hexagonaux non mutualistes, la compétition fait rage depuis 1999 et la bataille est rude pour le contrôle de Paribas. À l'époque, la BNP l'avait emporté et donne depuis le sentiment de faire la course en tête. Longtemps première banque de la zone euro avant d'être distancée par le SCH, BNP Paribas, en prenant le contrôle de la BNL, se rapproche de nouveau de ce statut très envié. Et surtout, creuse l'écart avec sa concurrente. Avec une capitalisation de 70 milliards d'euros, l'ensemble BNP Paribas-BNL domine nettement la Générale, qui vaut moins de 50 milliards. Le groupe dirigé par Daniel Bouton n'a pourtant pas démérité. Ses performances financières sont bien orientées avec un résultat net en hausse de 33 % sur les neuf premiers mois de 2005, un exercice pendant lequel son cours de Bourse a pris 38 %.Prime à la croissance. Seulement voilà, le marché accorde aujourd'hui une prime à la croissance et semble avide de croissance externe. En la matière, la Société Générale n'a pas chômé ces dernières années. Depuis 1999, elle s'est dotée d'un dispositif solide en Europe de l'Est et s'est renforcée dans les services financiers spécialisés. Mais voilà, les 6 milliards consacrés à ces opérations font aujourd'hui pâle figure face au "coup" de sa concurrente en Italie et aux 13 milliards dépensés ces dernières années en croissance externe par Baudouin Prot.Partenaire espagnol. La question d'une alliance de la Société Générale n'en devient que plus lancinante. "Nous regardons en permanence chaque option : continuer sur la voie que nous avons suivie ou nous marier", expliquait il y a déjà deux ans à La Tribune Daniel Bouton, qui estime que le seul juge valable est la création de valeur pour l'actionnaire. Depuis, le discours n'a officiellement pas changé. Reste à savoir si demeurer isolé est toujours la meilleure solution lorsque les grandes manoeuvres sont lancées en Europe. Et, le cas échéant, vers quel partenaire pourrait se tourner la Société Générale. Certains regards se dirigent vers l'Espagne.Depuis quelques mois en effet, le patron de la banque française discute régulièrement avec Ricardo Fornesa, le président de La Caixa de Barcelone, la plus puissante caisse d'épargne espagnole. Ils auraient évoqué la possibilité de réaliser des investissements en commun à l'international. Et, voilà dix jours, il était annoncé que Boursorama, filiale de la Société Générale, allait racheter CaixaBank France. Mais La Caixa reste dans le panorama en prenant une participation de 20 % dans Boursorama. Depuis quelques jours, certains évoquent une entrée de La Caixa dans le capital de la Société Générale. La Caixa n'est certes pas cotée, mais elle dispose de plusieurs milliards d'euros à investir. Elle pourrait donc constituer un puissant allié pour la Société Générale et mettre cette dernière à l'abri d'un prédateur éventuel. Encore faut-il pour cela que les deux présidents soient d'accord. Mais la messe n'est pas dite.Pascal Hénisse et Dominique Mariette
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