L'agence de notation Ibca en phase de transition

Comment être une agence de notation détenue par des capitaux français tout en ayant une équipe dirigeante à Londres ? C'est le pari que doit sans cesse relever Ibca, l'agence de notation qui se positionne comme une alternative face aux deux grandes agences américaines que sont Moody's et Standard & Poor's Adef. Un pari pas toujours facile à tenir au quotidien. Pour preuve, le départ de Dominique Daniel, administrateur directeur général d'Ibca SA, la filiale française de l'agence de notation et son remplacement par Alison Le Bras, directeur général délégué. Ce départ ne résulte pas uniquement d'une simple « réorganisation interne », pour reprendre les termes du communiqué de l'agence. « Il y avait des divergences de vue entre les dirigeants d'Ibca Limited et d'Ibca SA sur la manière de conduire les activités du groupe », explique Bernard Mirat, le président-directeur général d'Ibca SA. Un problème qui couvait depuis quelque temps et qui vient d'éclater au grand jour. La structure actuelle d'Ibca en France est issue du rachat en 1992 d'Euronotation par Ibca Groupe. Une opération conduite sous la houlette de Marc Ladreit de Lacharrière et du groupe Fimalac. Actuellement, Ibca SA regroupe une quinzaine de personnes et devrait pour la première fois en 1995 renouer avec les bénéfices, après deux années de pertes. Pour ce faire, l'agence a progressivement gagné des parts de marché sur le segment des établissements de crédit, puisque les grandes banques françaises, à l'exception toutefois du Crédit Foncier de France ou du Crédit Mutuel, se font noter par elle. Elle s'est ensuite diversifiée sur le marché des collectivités locales. En France, 70 émetteurs sont notés par Ibca SA. Et la société tente maintenant de devenir une agence généraliste à part entière en se développant sur le marché des corporates (entreprises industrielles) où elle est encore peu présente. Toutefois, si la branche française a opéré en deux ans ce redressement sous la conduite de Dominique Daniel, il n'en reste pas moins qu'elle ne représente que 10 % du chiffre d'affaires total du groupe, l'autre entité d'Ibca Groupe, à savoir Ibca Limited, qui opère à partir de Londres, pesant pour les 90 % restants. En effet, c'est Ibca Limited qui détient les filiales du groupe à travers le monde, comme en Afrique du Sud, en Allemagne et aux Etats-Unis. Au total, l'agence Ibca note quatre cents banques réparties dans trente-cinq pays. Elle intervient également dans la notation d'OPCVM ou des fonds de titrisation. En 1994, elle est passée à la vitesse supérieure en se diversifiant dans la notation des risques souverains : vingt-trois Etats sont actuellement notés par Ibca. « Nous nous efforçons d'être une agence internationale et surtout européenne, mais ce développement doit se faire en concertation continue et quotidienne avec Londres », résume Bernard Mirat. S. R.
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