Suez planche sur la cession de créances immobilières

Le rythme des cessions de portefeuilles de créances immobilières décotées s'accélère et prend de l'ampleur. Après s'être placé en situation de vendre tout son encours, le groupe Suez pourrait ainsi être amené à se signaler à nouveau très vite dans ce genre d'exercice. Le Financial Times indiquait hier que trois banques d'investissements américaines (Goldman Sachs, Lehman Brothers et Morgan Stanley) étaient coude à coude pour reprendre un bloc de 11 milliards de francs de créances à la compagnie de la rue d'Astorg. Après la Barclays, fin 1995, qui a cédé, sur les conseils de Bankers Trust, 870 millions de créances au tandem Cargill-Lehman Brothers, Suez avait tenté, dans la foulée, une petite opération, début 1996, en vendant, toujours aidée par Bankers, un portefeuille de 745 millions de francs au fonds américain Whitehall. Ce même fonds, géré par Goldman Sachs, a récidivé début juin en rachetant un bloc de 3,2 milliards de francs de créances à l'UAP. Les choses ont donc tout l'air de se bousculer, alimentant par la même occasion la guerre de tranchée que se livrent les banques conseils sur un créneau juteux. Si l'opération de Suez évoquée hier, conseillée cette fois-ci par la banque Lazard, aboutit, elle battra tous les records par son ampleur. L'exposition totale du groupe Suez sur le secteur immobilier, avant la première cession réalisée en janvier, était redescendue de 20 à 14 milliards. A cette même date de fin décembre 1995, l'encours brut était couvert à hauteur de 53 % par des provisions, les créances considérées douteuses étant provisionnées à hauteur de 70 %. Hier, rue d'Astorg, on restait laconique. « Nous avons toujours dit que nous voulions nous dégager de l'immobilier d'ici à l'an 2000. Nous nous sommes mis en situation de pouvoir céder nos actifs qui sont aujourd'hui dans un catalogue que tout le monde peut consulter. » De quoi rester dans la droite ligne des propos tenus il y a quelques jours par Gérard Mestrallet à ses actionnaires. Le président de Suez s'était dit convaincu que ce type d'opération de cession d'actifs décotés allait prendre de l'ampleur, prouvant ainsi que le marché n'était plus très loin de son creux. Reste désormais à savoir si, une fois la pompe bien amorcée par les fonds américains, parviendront à émerger des investisseurs hexagonaux capables de prendre le relais, principale condition pour que ce mouvement de sortie de crise ne se résume pas, d'ici quelques mois, à un simple feu de paille. Ph. R.
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