Le secteur bancaire français broie du noir

Après deux années marquées par l'amélioration du risque sur les PME, qui ont permis aux banques d'alléger le poids des provisions en 1994 et pourraient aboutir au même résultat en 1995, certains banquiers nourrissent des inquiétudes pour 1996. Ainsi, Michel Freyche, président de l'Association française des banques (AFB), déclarait hier matin que « depuis la rentrée, on sent une tendance à la reprise des sinistres ». Selon lui, « si cette tendance se poursuit, les provisions qu'il faudra passer en 1996 risquent d'être supérieures à celles passées en 1995 ». Le président, qui rappelle que cette évolution interviendrait dans un contexte de moindre activité des banques, précise que cette prévision « ne s'appuie pour l'instant sur aucune statistique précise ». L'accroissement du risque qu'il perçoit concernerait les PME « haut de gamme », à partir de 200 millions de chiffre d'affaires. A la Société Générale, où l'on s'attend toutefois à afficher un résultat stable en 1995, on souligne que la mortalité d'entreprises a été plus forte l'an passé. « On a recensé 96 dépôts de bilans sur les dix premiers mois de 1995, contre seulement quatre en 1992 », indique-t-on au siège de la banque, où l'on ajoute qu'il faudra également surveiller l'impact de la crise sociale de décembre. Sans chiffrer vraiment le phénomène, Jean-Pierre Dreyer, numéro deux du réseau France de la BNP, a bien observé un accroissement du risque sur les PME au deuxième semestre 1995, après un premier semestre marqué par une nette amélioration sur ce front. « La remontée du risque au second semestre est surtout sensible dans les secteurs du textile et du bâtiment et des travaux publics, car l'immobilier s'est encore dégradé », précise le banquier. Spectre d'une propagation des difficultés Dans tous ces secteurs, les plans de restructuration mis en place avec les banques il y a plusieurs mois n'ont pas résisté au nouveau ralentissement de l'activité au milieu de l'année. Bien sûr, le spectre d'une propagation des difficultés d'une entreprise à l'autre se profile, via les retards des paiements entre elles. Mais Jean-Pierre Dreyer ne se veut pas alarmiste. « L'année 1996 devrait être meilleure que 1995 en termes de risques », espère-t-il. Mais il se montre réservé sur les effets des grèves. Moins alarmistes aussi sont les professionnels développant des liens commerciaux avec les très grandes PME, et les PME exportatrices. Tel est le cas du Crédit national et de la Banque française du commerce extérieur (BFCE). Selon Dominique Valet, directeur des études et de la stratégie au Crédit National, « pour 1996, il y a quelques incertitudes, mais on ne pas dire que la situation financière de nos clients soit mauvaise ». Quant à Christian Tran Ba Huy, directeur de divisions commerciales, il « ne perçoit pas de fortes dégradations des risques au cours des six derniers mois sur notre coeur de cible », qui bénéficie des meilleures conjonctures dans certains pays étrangers. L. C.
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