Le Japon veut en finir avec les créances douteuses

Les pouvoirs publics japonais n'en finissent pas de voler au secours des banques de l'archipel. En effet, le ministère des Finances (MOF) et la Banque du Japon sont, semble-t-il, décidés à assouplir les règles prudentielles internationales qui imposent aux banques commerciales de maintenir leur ratio Cooke - fonds propres sur engagements - au-dessus de 8 %. Selon une source gouvernementale, relayée par le quotidien économique Nihon Keisai Shimbun, cette mesure vise à aider les banques peu capitalisées à sortir du piège des créances douteuses. En effet, certains établissements vont devoir faire un effort de provisionnement tel sur les créances détenues sur les « jusen » - sociétés de financement immobilier, aujourd'hui en faillite -, que leurs fonds propres vont fondre comme neige au soleil. De fait, ces banques pourraient être amenées à afficher un ratio Cooke inférieur à 8 %. Avec cette décision, les autorités japonaises indiquent clairement donner la priorité à un nettoyage drastique des bilans plutôt qu'un maintien coûte que coûte d'un ratio de solvabilité de 8 %. En effet, l'idée retenue est de procéder à un provisionnement brutal des créances compromises sur ces « jusen » avec pour objectif que les bilans soient totalement assainis à la fin de l'exercice clos en mars 1997. Une réelle volonté politique de « purger » le système bancaire japonais Pour mémoire, les « jusen » croulent sous près de 6.400 milliards de yens (environ 310 milliards de francs) de créances douteuses , soit 15 % du total des actifs dépréciés qui pèsent sur le système bancaire japonais. « C'est un non-événement ! La question est plutôt de savoir si les autorités japonaises vont mettre en place tous les moyens pour que les banques nettoient leur bilan », estimait hier un spécialiste du marché bancaire japonais. Et d'ajouter : « La communauté internationale regardera plutôt s'il y a une réelle volonté politique de faire une purge musclée du système bancaire japonais. » Ce qui semble être le cas puisque les autorités financières nippones sont aussi prêtes à souscrire à l'émission d'actions préférentielles - ce qui équivaut à injecter de l'argent public dans le système bancaire - toujours pour permettre aux banques les moins biens capitalisées de provisionner en maintenant leur ratio Cooke. Ces deux mesures devraient donc inciter les « trust banks » à provisionner massivement leurs encours de crédits douteux. En effet, les sept « trust banks », à l'inverse des grandes banques commerciales, s'étaient abstenues de le faire au premier semestre (mars-septembre 1995) afin d'afficher d'honorables résultats sur six mois. En revanche, ces deux décisions ne devraient pas trop concerner les grandes banques commerciales (city banks). A la fin du mois de septembre, celles-ci affichaient un ratio Cooke de 9 %. Pour autant, certaines d'entre elles - notamment Fuji Bank - afficheront des pertes après le nettoyage de leur bilan de leurs créances douteuses. Des pertes compensées par de possibles gains sur leur portefeuille financier. Sans oublier le niveau du taux d'escompte de la banque du Japon à 0,5 % - son plus bas historique -, qui leur permet de se refinancer auprès de la banque centrale à un taux se situant entre 0,3 % et 0,5 %. N. B.
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