La titrisation du Lyonnais lancée dans une semaine

Le Crédit Lyonnais continue de ne rien faire comme les autres. La banque publique, qui a transféré au Consortium de Réalisation 135 milliards d'actifs peu ou pas rentables, s'apprête à céder 40 milliards de francs au maximum mercredi ou jeudi prochain sans doute, soit un tiers environ de sa créance sur l'Etablissement public de financement et de restructuration (EPFR) (voir La Tribune du 11 juin). Cette structure a tiré environ 120 milliards de francs sur la ligne de 145 milliards octroyée par la banque afin de financer les pertes qui accompagneront les cessions des actifs transférés. Cette dette, qui bénéficie de la garantie implicite de l'Etat, offre à la banque une occasion très intéressante de gestion de son bilan via une titrisation, c'est-à-dire la vente d'une partie de sa créance à des investisseurs moyennant une rémunération. « Cette titrisation arrangée par le Crédit Lyonnais passe par la cession de la partie A de la créance à un fonds commun de créances (FCC) dénommé Cyber-Val 7.96. Celui-ci se finance sur le marché en plaçant, en France et à l'étranger, des parts de maturité différentes principalement auprès d'investisseurs institutionnels et d'OPCVM », explique le Lyonnais. Les parts émises par le FCC s'élèveront à 100.000 francs, la rémunération servie aux souscripteurs sera référencée au Paris interbank offered rate (Pibor) amélioré d'une marge qui pourrait s'élever à une dizaine de points de base. Cette tranche A sera décomposée en cinq classes : A1 d'un montant de 8 milliards à échéance juillet 1997, A2 de même montant à échéance juillet 1998, A3 d'un même montant à échéance juillet 1999 et A4 de 16 milliards à échéance juillet 2001, l'opération devant totalement être amortie au bout de cinq ans. Le placement sera dirigé conjointement par le Crédit Lyonnais, Morgan Stanley et Merrill Lynch. Selon la banque publique, l'opération devrait obtenir la notation AAA tant par Standard & Poor's que par Moody's. Ce point est important. D'abord parce que cette notation permet à la banque d'espérer une sursouscription sur ses tranches. Ensuite parce qu'elle lui laissera une marge de manoeuvre pour fixer le montant de la rémunération des souscripteurs, toute idée de dépasser le montant de l'opération étant jugée beaucoup trop « prématurée », expliquait hier Marc Poli, responsable de la direction des marchés taux changes. L'objectif de cette opération est de permettre au Lyonnais de restructurer son bilan : « A l'issue de la cession de la tranche A du FCC, le Crédit Lyonnais reçoit 40 milliards de francs de trésorerie, ce qui lui permet de diversifier et d'optimiser ses sources de financement », indique la banque. Jean-Pierre Wiedmer, responsable de la direction de la gestion actif-passif au Lyonnais, explique que ces 40 milliards pourront être utilisés pour rembourser une partie de ses emprunts les plus coûteux et ainsi « faire de économies » ou, selon les opportunités, pour développer certaines activités de crédit commercialement intéressantes. Il insiste également sur le fait que « l'opération de titrisation sera neutre du point de vue de l'intérêt versé par EPFR sur sa dette ». Le fait que l'opération soit lancée alors qu'une réflexion s'amorce sur le plan de sauvetage lui-même (voir article ci-dessus) est « une coïncidence », a affirmé Marc Poli. La rémunération globale de la créance du Lyonnais sur EPFR n'augmentera pas. Laurent Chemineau
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