Banques : accord salarial à l'arraché pour 1996

L'AFB (Association française des banques) a-t-elle régénéré le dialogue social dans le secteur bancaire ? Certes l'accord salarial qui vient d'être conclu, mercredi, pour 1996 par la fédération patronale et le SNB (Syndicat national de la banque et du crédit, affilié à la CGC) constitue un progrès par rapport aux deux années précédentes qui avaient été marquées par l'application unilatérale des mesures salariales avancées par l'AFB. Mais il n'a pas été signé par les quatre autres syndicats (CFDT, CFTC, FO et CGT). Dans le détail, l'accord signé il y a deux jours prévoit une hausse de la valeur du point bancaire de 1 % au 1er août - correspondant à une revalorisation de ce point à 14 francs (contre 13,86). A cette première mesure s'ajoute le versement d'une prime exceptionnelle en février égal à 5 % de la mensualité brute de base du mois de décembre. Compte tenu des augmentations automatiques à l'ancienneté, égales en moyenne à 0,6 % du salaire, cet accord correspond donc à une hausse de près de 2 % (contre 1,2 % en 1995) sur l'ensemble de l'année pour les 226.000 salariés des banques AFB. Des chiffres à rapprocher des plus récentes estimations pour l'inflation, qui se situent entre 1,7 % et 2 %. En outre, aux dispositions salariales de branche s'ajouteront à celles conclues au sein de chaque entreprise. L'AFB peut se prévaloir d'avoir consenti un effort significatif en proposant ces hausses de salaires minimum. Il n'en reste pas moins qu'elle a pris soin de rappeler que si la situation difficile du secteur perdurait (baisse du chiffre d'affaires de plus de 10 % entre 1994 et 1995, atonie de la demande de crédits, etc.), la revalorisation du point décidée pour 1996 pourrait être décomptée des propositions à venir pour 1997. L'accord de branche n'a pas été signé par les quatre autres organisations syndicales du secteur. Dans un communiqué adressé hier à la presse, la CFDT, première organisation de la profession, s'est montrée plutôt sévère en dénonçant la méthode employée par l'AFB qui a abouti à cet « accord pirate » au contenu « inconséquent ». Ce syndicat s'interroge même sur ces « négociations clandestines » avec le SNB. La CFDT a annoncé son intention « d'étudier avec les autres organisations syndicales les mesures à mettre en oeuvre face à de telles pratiques ». L'AFB répondait à ces critiques en affirmant hier avoir maintenu le contact avec tous les syndicats depuis le début des négociations salariales le 15 décembre. Cet épisode augure mal du succès des rencontres prévues pour le 19 janvier, afin de réfléchir au moyen de renouer le dialogue social, mis à rude épreuve depuis trois ans, tant sur les questions salariales que sur celles de l'aménagement et de la réduction du temps de travail. P. Mo. et S. R.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.