La Postbank évaluée entre 13 et 17 milliards de francs

Schröders, la banque d'investissement britannique chargée, en novembre, par le gouvernement allemand, de présenter un projet de privatisation pour la Postbank, aurait évalué cette dernière à une valeur comprise entre 4 et 5 milliards de marks (de 13,6 à 17 milliards de francs). Une information révélée hier par la lettre économique Platow Brief, qui aurait eu accès au rapport intermédiaire des experts de Schröders. Celui-ci, qui devait être au départ rendu le 2 janvier, doit être transmis officiellement au gouvernement lundi prochain. Le ministère des Postes, comme la Postbank, se refuse à confirmer ou démentir l'information, arguant qu'il n'aurait pas encore vu le rapport. Devenue société de droit privé au 1er janvier 1995, après l'éclatement de l'ancienne poste allemande, la banque postale est convoitée depuis l'automne par la Deutsche Post. L'affaire, de fait, n'est pas inintéressante. La Postbank, qui réalisait encore 409 millions (1,4 milliard de francs) de pertes en 1990, devrait annoncer pour 1995 un bénéfice net de 200 millions de marks (680 millions de francs). En 1994, celui-ci avait atteint 51 millions. Sur les dix premiers mois de l'année, elle totalisait 56 milliards de marks (190 milliards de francs) de dépôts, soit un volume en progression de 4 %. A la fin septembre, la Deutsche Post avait alors proposé de reprendre 75 % de son capital (associée pour cela à la Deutsche Bank qui en prendrait 20 %, et à la Suisse de Ré, qui souhaiterait 15 %), pour une somme totale de 3,1 milliards de marks (10,5 milliards de francs). Une offre soutenue par le ministre des Postes, Wolfgang Bötsch, mais qui a mis en fureur le président de la Postbank, Günter Schneider. Il estime que son institut ne vaut pas moins de 6 milliards de marks (20 milliards de francs), et a fait une contre-proposition prévoyant que 35 % de son capital soit repris par trois partenaires stratégiques : le groupe BHW, l'assureur Volksfürsorge et la banque BHF. Deux scénarios D'après la lettre Platow, la banque britannique aurait suggéré au gouvernement deux scénarios. Selon le premier, la Deutsche Bank prendrait 51 % des parts de la Postbank. Dans le deuxième, la poste ne détiendrait que 25 % du capital, le reste étant aux mains des trois partenaires présentés par la Postbank. Autant dire que les experts ont choisi de ne pas prendre de risque, laissant aux hommes politiques la décision finale. Si l'on refuse de commenter l'information à la Postbank, on admet que le choix sera un compromis entre les deux propositions initiales. La Deutsche Post devrait obtenir une partie du capital - probablement autour de 40 % - pour une somme toutefois supérieure à ce qu'elle a proposé au départ, puisque les experts valoriseraient l'institut à une somme allant jusqu'à 5 milliards. Le dossier, cependant, risque encore de traîner plusieurs mois. Schröders, d'abord, ne doit rendre son rapport définitif qu'à la fin mars. Le gouvernement allemand, par ailleurs, ne tient pas à se brûler les doigts, avant les trois élections régionales du Bade-Wurtemberg de Rhénanie-Palatinat, et du Schleswig Holstein, qui sont prévues le 24 mars. L'office de surveillance de la poste devrait communiquer plus précisément le calendrier la semaine prochaine, en rendant public le contenu du rapport de Schröders. BÉNÉDICTE DE PERETTI, À MUNICH
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