Mariage envisagé entre le CEPME et la Sofaris

Après de longs mois de discussions, le dossier du CEPME serait sur le point d'être bouclé. On attend en effet un ultime arbitrage de Matignon. Le Premier ministre, Alain Juppé, avait donné le ton lors de la présentation du plan PME à Bordeaux le 27 novembre dernier. Il avait alors indiqué que le CEPME rebaptisé Banque du développement des PME (BDPME) allait devenir un établissement de place et se rapprocherait de la Sofaris. Le nouveau président du directoire de l'établissement, Jacques-Henri David, avait remis au début du mois de mai à Jean Arthuis des propositions pour redresser le CEPME. Après moult réunions interministérielles, le schéma qui semble être retenu consisterait à créer un holding commun contrôlé par l'Etat, qui détiendrait le CEPME et la Sofaris. La BDPME serait présidée par Jacques-Henri David, ce qui aurait pour conséquences de mettre Philippe Jurgensen, l'actuel président de la Sofaris dans une fâcheuse posture. On voit mal quelle place il pourrait occuper dans cette nouvelle configuration. Mais il semble difficile de faire cohabiter le président du CEPME et celui de la Sofaris, alors que depuis plusieurs mois ils sont en conflit ouvert sur le rapprochement de leurs deux établissements. Jacques-Henri David prône cette solution, tandis que Philippe Jurgensen y est opposé. Les banquiers se montrent guère enthousiastes Avant même que le plan de redressement du CEPME ne soit officiellement annoncé, le mariage avec la Sofaris est diversement apprécié. Pour Alain Griotteray, député UDF du Val-de-Marne et membre de la commission de surveillance de la Caisse des dépôts (actionnaire à 43 % du CEPME), « ce schéma d'organisation est séduisant, mais les problèmes de gestion ne sont pas réglés pour autant. Nous manquons de visibilité sur la façon dont les dirigeants du CEPME envisagent de redresser sa situation financière ». Quant aux banquiers ils ne se montrent guère enthousiastes à l'idée du regroupement sous une même bannière des deux établissements. Certains d'entre eux accompagnés de Patrice Cahart, le délégué général de l'AFB, ont été reçus par Jacques-Henri David mercredi matin. Ils ont fait part de leurs réticences, en soulignant que ce projet allait créer une situation complexe car la Sofaris accorde ses garanties à tous les établissements bancaires. « Il n'est pas sain de mélanger les genres entre un organisme prêteur et un organisme de garantie », souligne un banquier. L'un de ses confrères n'hésite pas à dire : « C'est le mariage de la carpe et du lapin. La Sofaris se porte très bien tandis que le CEPME est exsangue et accumule les pertes. La Sofaris risque d'en pâtir. » Reste à savoir si Jacques-Henri David viendra à bout de la résistance des banques avec lesquelles il est condamné à s'entendre. La nouvelle vocation du CEPME étant de cofinancer les prêts aux PME avec les établissements de crédit, il est indispensable qu'une bonne entente règne entre les différents partenaires. Une chose est sûre : si le holding de contrôle voit le jour, elle marquera la victoire de Jacques-Henri David. Au début des discussions sur le dossier, Bercy, soutenu par la direction générale de la Caisse des dépôts, privilégiait une prise de participation croisée entre les deux établissements. Mais il semble que l'Elysée et Matignon ont manifesté leur préférence, pour le scénario du rapprochement, défendu par Lucien Rebuffel, président de la CGPME et du conseil de surveillance du CEPME. Sauf coup de théâtre de dernière minute, le CEPME issu de la fusion en 1979 entre le Crédit Hôtelier et la Caisse des marchés de l'Etat, va tenter de trouver un second souffle avec la Sofaris. DOMINIQUE MARIETTE
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