Année honorable pour les banques espagnoles en 1995

Le cru 1995 s'annonce relativement honorable pour les banques espagnoles. Pour l'année écoulée, celles-ci devraient enregistrer un bénéfice avant impôts global de l'ordre de 478 milliards de pesetas (19,1 milliards de francs), soit une hausse de 5 % sur l'exercice précédent, modérée mais qui contraste de manière heureuse avec la chute brutale de 22,9 % enregistrée l'année antérieure. Cette prévision optimiste de l'AEB, l'Association espagnole des banques privées, marque une amélioration par rapport aux résultats officiels des trois premiers trimestres de l'année que l'AEB vient précisément de présenter : durant cette période, l'augmentation des bénéfices par rapport aux trois premiers trimestres de 1994 a été seulement de 0,2 %. Les responsables de l'AEB attendent donc un quatrième trimestre - pour lequel ils ne disposent encore que d'estimations - véritablement plantureux. Ils soulignent à cet égard que le dernier trimestre de 1994 avait été marqué par un fort effort de provisionnement des établissements bancaires qui ne se répétera pas cette fois, ce qui se répercutera de manière sensible sur le niveau des bénéfices. En outre, le marché de la dette publique et celui des actions se sont particulièrement bien comportés au sud des Pyrénées durant la fin de l'année 1995, ce qui se traduira sur le plan du résultat des opérations financières. Bon comportement de la Bourse Le quatrième trimestre de 1995 devrait en fait consolider, en les amplifiant, les grandes tendance enregistrées durant l'ensemble de l'année. Les bénéfices des banques espagnoles progressent essentiellement grâce à leurs opérations financières : les profits tirés de ces activités ont été de 66 milliards de pesetas (2,6 milliards de francs) durant les trois premiers trimestres de 1995, à comparer à des pertes de 63 milliards (2,5 milliards de francs) pour l'ensemble de 1994. Le portefeuille de participations industrielles des banques - délesté, ces dernières années, de ses « canards boiteux » - s'est trouvé revalorisé grâce au bon comportement de la Bourse. Autre motif de rétablissement du secteur : après le travail intense de couverture des crédits douteux et impayés réalisé en 1994, les banques ont pu commencer à réduire leurs efforts dans ce domaine. Le provisionnement à ce titre a diminué de 10,1 % durant les neuf premiers mois de 1995 par rapport à la même période de 1994. L'AEB avertit toutefois qu'il faut éviter de trop relâcher la vigilance, car le rythme de réduction des impayés commence à ralentir de manière préoccupante. Face au comportement favorable des opérations financières, l'activité strictement bancaire, par contre, continue à stagner. La marge d'intermédiation s'est réduite de 4,2 % durant les neufs premiers mois de 1995 par rapport à la même période de 1994. Ce recul est essentiellement dû à l'atonie de la demande de crédits. Les entreprises ont profité de l'amélioration de leurs bénéfices pour réduire leur endettement et ont à présent davantage recours à l'autofinancement lorsqu'elle ont besoin d'investir. Pour sa part, la stagnation de la consommation privée de biens durables réduit la demande de crédit de la part des particuliers. Dans ces conditions, et alors que s'accroît la propension des ménages à l'épargne, les dépôts augmentent plus rapidement que les prêts, ce qui contribue à réduire les marges des établissements bancaires, déjà rognées par une concurrence accrue. Thierry Maliniak, à Madrid
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