L'éventualité d'un report de la rigueur inquiète les opérateurs

La Banque de France, qui a reporté la tenue de son conseil de politique monétaire au 18 janvier, a maintenu hier son taux d'appel d'offres à 4,45 %. Reste, qu'en fonction de la situation des économies française et allemande, une nouvelle détente ne devrait être que partie remise, estimait-on hier dans les salles de marché. Les autorités monétaires pourraient donc, à l'occasion de la présentation solennelle de leur politique pour 1996, la semaine prochaine, l'annoncer. La tendance de fond, sur le marché de taux, reste donc intacte, même si les professionnels déclarent être désormais vigilants par rapport à un marché américain en forte tension depuis le début de la semaine. Cela n'a pas empêché le marché français, et en particulier le franc, de souffrir hier. Les investisseurs sont préoccupés par les incertitudes quant à la politique de restriction budgétaire menée par le gouvernement. Celui-ci a bien résisté à la pression de la rue en décembre dernier. Mais résistera-t-il à la pression économique ? Faudra-t-il différer la rigueur, et l'entrée en vigueur du RDS, par exemple, pour compenser la faiblesse de la croissance économique ? Les appels des hommes politiques de la majorité au cours du week-end, tout comme les dernières déclarations de Michel Barnier, ministre des Affaires européennes, hier, au Figaro, confirmant que Jacques Chirac envisageait toujours un référendum sur l'Europe, perturbent les marchés. Le franc, qui semble par exemple hanté par l'augmentation du chômage (voir La Tribune du 11 janvier) a ainsi perdu du terrain face au mark, à 3,4344 francs pour un mark, hier, contre 3,4260 la veille, selon les cours indicatifs de la Banque de France. Le contrat Pibor trois mois du Matif a légèrement baissé, perdant cinq centimes par exemple pour l'échéance mars 1996, à 95,01. « Il s'agit bien d'un deuxième test pour le gouvernement. Au même titre que la résistance d'Alain Juppé à la pression de la rue nous avait valu une belle envolée du franc en fin d'année, le débat actuel affaiblit le franc, face au mark, mais aussi face à la couronne danoise, ce qui prouve bien que son problème est intrinsèque », estime François Chevallier, économiste à la BFCE. Sur le marché monétaire, si le loyer de l'argent au jour le jour est resté stable, à 4 1/2- 4 5/8 %, les taux à trois et six mois se sont légèrement tendus, passant respectivement de 4,76 % à 4,81 % et de 4,81 % à 4,86 %. Quant au marché obligataire, il résiste : le contrat notionnel a terminé la séance criée sur une baisse de 14 centièmes, à 120,98, et le rendement de l'OAT à 10 ans s'est affiché à 6,59 %, contre 6,58 % la veille. « Les étrangers animent peu le marché actuellement. En revanche, les investisseurs français et en particulier les assureurs continuent, compte tenu des coûts de portage favorables entre le court terme et le 10 ans, de rester positionnés sur le long terme », explique un courtier parisien. « Au vu de la situation conjoncturelle, il n'y a vraiment pas de risque de remontée des taux courts », conclut-il. Lysiane J. BAUDU
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