JP Morgan tire profit de ses activités de marchés

Première des grandes banques américaines à publier ses résultats, JP Morgan a agréablement surpris ses actionnaires hier. Le bénéfice net de son quatrième trimestre fiscal a fait un bond de 89 %, pour atteindre 366 millions de dollars. Les activités de marché pour compte propre (prises de positions sur les marchés avec le capital de la banque) ont plus que doublé par rapport au quatrième trimestre 1994 (369 millions de dollars, contre 153 millions). Alors que la fin de 1994 avait été marquée par des conditions difficiles sur les marchés financiers, la fin de l'année dernière a été plus favorable. Confrontées à un ralentissement de leurs économies, les grandes banques centrales ont allégé leur politique monétaire. D'où une hausse des actions et des obligations qui a dû profiter à l'ensemble des grandes banques américaines. Sur la totalité de l'exercice, le bénéfice net s'établit à 1,296 milliard de dollars (6,5 milliards de francs), soit une augmentation de 7 %. En Bourse de New York, jeudi après-midi, le titre JP Morgan s'inscrivait en hausse de 1-5/8 dollars à 76-1/8. Il a récemment souffert de la chute de Wall Street. Les ratios prudentiels de la banque se sont améliorés, puisque les fonds propres représentent 8,7 % des engagements (définition Tier 1 de la Banque des règlements internationaux). A noter que JP Morgan a racheté 4 millions de ses propres titres sur le marché en 1995. Son conseil d'administration l'a autorisé à racheter 7 millions de titres supplémentaires. Cette décision traduit un phé- nomène commun aux grandes banques américaines : la réduction de leur base de capital pour améliorer la rentabilité de leurs fonds propres. Alors que ses concurrents ont été embarqués dans un large mouvement de concentration et de restructuration, Douglas Warner, le nouveau président de JP Morgan, a repris le flambeau porté par Dennis Weatherstone pour lui imprimer sa marque. « La capacité d'une firme à délivrer des conseils et une exécution de haute qualité est un des éléments de différenciation d'une stratégie, confie-t-il à La Tribune. Nous avons essayé de nous positionner sur cette tendance. » Cela ne l'a pas empêché de faire un lobbying actif pour améliorer ses conditions d'exploitation aux Etats-Unis. « Il existe un consensus pour la réforme du Glass-Steagall Act », indique Douglas Warner. Le Glass-Steagall Act interdit de réunir les métiers de banque d'affaires et de banque commerciales aux Etats-Unis. « Jon Corzine, le président de Goldman Sachs et moi-même avons rédigé une lettre commune que nous avons envoyé à la Chambre des représentants et au Sénat, poursuit Douglas Warner. Cette lettre explique que Goldman Sachs, qui s'est opposé à la réforme et JP Morgan, qui en a fait sa promotion, sont maintenant d'accord pour dire que la loi votée en 1933 n'est plus adaptée aux firmes globales d'aujourd'hui ». Hélas, l'impasse budgétaire et politique a bloqué l'évolution d'une législation pénalisante pour le système bancaire américain. Pascal Boulard
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