L'aluminium russe de moins en moins rentable

Les marges de l'aluminium russe s'effondrent. En dix-huit mois, selon les calculs réalisés par Christopher Stobart, du consultant britannique Ressources Strategie, la hausse des coûts de production avoisine les 70 %. Le point mort des onze principales usines russes d'aluminium serait donc passé de 1.006 à 1.700 dollars la tonne. La détérioration de la rentabilité se traduit par une marge qui a glissé de 471 dollars par tonne en 1994 à 333 dollars l'an passé et qui, depuis le début de l'année, est devenue négative : au premier trimestre, sur chaque tonne de métal, les producteurs russes ont perdu en moyenne 25 dollars, soit 12 millions de dollars au total. Cependant, les quatre usines de Sibérie, qui affinent 70 % de la production russe totale (2,6 millions de tonnes), restent profitables car, selon Christopher Stobart et Angus MacMillan, de Billiton Metals, elles bénéficient d'un prix très intéressant pour les livraisons d'élec- tricité. Le seuil des 1.500 dollars la tonne Pour autant, la chute continue des cours de l'aluminium sur le marché mondial devient pré- occupante, y compris pour les producteurs sibériens. Depuis le début mai, la tonne de métal livrable à trois mois a cédé à Londres 10 % de sa valeur pour venir s'échouer sur la barre des 1.500 dollars. La détérioration des conditions de production - hausse des coûts intérieurs - et du marché mondial - essoufflement de la demande - pousse Bratsk, la plus grande usine de Russie, à reconduire cette année son niveau de production de 1995 (770.000 tonnes). Même pour les géants sibériens, la marge de manoeuvre se réduit comme une peau de chagrin. Parallèlement, les Occidentaux s préparent à relancer les capacités closes (1 million de tonnes). Ils cherchent ainsi à compenser la contraction des marges liée au recul des prix, en se rattrapant sur les tonnages, mais l'incidence sur les prix pousse à la prudence. Les producteurs russes partagent en partie cette analyse. « Il est peu probable, affirme un trader, que les Russes acceptent de limiter leur capacité d'exportation dans le contexte qui suivra la présidentielle en Russie. » Une perspective qui, désormais, inquiète le marché. Guy-André Kieffer
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.