Le franc moins alerte

Alors qu'il avait poussé une pointe jusqu'à 3,4060 pour un deutsche mark fin décembre, la crise sociale semblant s'être dénouée au profit du gouvernement, sans qu'Alain Juppé ait à faire de concessions majeures à la rigueur, le franc français est nettement moins fringant depuis la fin de la semaine dernière. Hier, il s'est rapproché à plusieurs reprises en séance du seuil de 3,43, tandis que sur le marché obligataire, l'écart entre l'OAT à dix ans et les bunds allemands de même échéance se creusait à 70 points de base après être tombé à 62 au crépuscule de l'année 1995. Certes, il n'y a pas péril en la demeure, puisqu'à ce niveau le franc reste encore à l'intérieur de la fourchette étroite de fluctuations qui prévalait avant l'élargissement à 15 % des marges du SME, jalonnée par le cours plancher de 3,4305 pour un mark, ce qui est déjà une bonne performance à son acquis. Mais, c'est un signe, la Banque de France a, momentanément du moins, cessé de piloter à la baisse le taux au jour le jour sur le marché monétaire, qui campe sur le niveau de 4 9/16 % - 4 11/16 % depuis le 3 janvier dernier et certains commencent à redouter que le Conseil de la politique monétaire ne renonce à réduire les taux directeurs, comme c'était anticipé, lors de sa réunion de rentrée, jeudi prochain, ce qui constituerait un nouveau frein à une croissance que l'on prévoit anémique cette année. Si la fin des grèves et l'inhabituelle témérité de la Banque de France sur le loyer de l'argent avaient restauré la confiance des investisseurs internationaux, le doute s'est à nouveau emparé de leurs esprits. Les créanciers de la France commencent à s'inquiéter de la dérive budgétaire que risquent de provoquer les révisions officielles à la baisse des hypothèses de progression du PIB pour 1996. Sans parler des pronostics souvent sombres des instituts de conjoncture. Ils craignent également que les appels à la grève sporadique ne débouchent sur de nouveaux conflits sociaux. Ils ne peuvent enfin que constater que la majorité présidentielle est plus divisée que jamais. Les deux ténors balladuriens que sont François Léotard et Nicolas Sarkozy ont lancé un véritable pavé dans la mare, en réclamant pendant le week-end un report du RDS, au nom de la sacro-sainte croissance. Un climat qui n'engage pas à la sérénité. Isabelle Croizard
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