Sicav : la désaffection des épargnants se confirme

Confirmant une tendance qui s'est progressivement renforcée au fil des mois, les ventes de parts de Sicav (Sociétés d'investissement à capital variable) se sont poursuivies en fin d'année. Elles ont avoisiné 80 milliards de francs en décembre dernier, selon les premières évaluations de Fininfo. Ce montant se répartit en 55 milliards de ventes de parts de Sicav monétaires, 20 milliards de Sicav obligataires et plus de 4,5 milliards de Sicav actions et diversifiées. Certes, décembre est traditionnellement un mois de forte décollecte, notamment pour les Sicav monétaires. En fin d'année, les investisseurs vendent les produits qui se sont les plus valorisés, en évitant de dépasser les deux seuils de cession au-delà desquels les plus-values deviennent imposables, c'est-à-dire 50.000 francs pour les Sicav monétaires et obligataires de capitalisation pour 1995 et 342.800 francs pour les autres valeurs mobilières. Principale caractéristique de cette fin de 1995, les épargnants ont adapté leur portefeuille à la fiscalité 1996, transférant environ 65 milliards de francs placés en parts de Sicav monétaires de capitalisation sur des parts de Sicav de distribution. Le plus gros de ces arbitrages s'est opéré sur quatre OPCVM : deux de l'Ecureuil et deux du Crédit Agricole. En effet, depuis le 1er janvier, les plus-values de Sicav monétaires et obligataires de capitalisation sont imposables dès le premier franc (au taux de 19,9 %) alors que les Sicav de distribution bénéficient encore d'un seuil de cessions de 200.000 francs. Concernant les Sicav obligataires, les porteurs ont profité de la belle remontée des cours pour se dégager après la grande déconvenue de 1994. Le durcissement de la fiscalité n'a fait qu'accentuer le mouvement. Non seulement les seuils de défiscalisation ont été abaissés, mais, comme pour les autres produits de taux, les revenus obligataires ne peuvent plus prétendre à l'abattement des 8.000 francs pour un célibataire et 16.000 francs pour un couple, désormais réservé aux dividendes d'actions. En ajoutant aux sorties de décembre celles des onze mois précédents, la ponction pour l'ensemble de l'année devient particulièrement imposante. Les Sicav monétaires ont perdu plus de 150 milliards de francs, soit 15 % à 16 % de leur encours à fin 1994. Pire encore, les Sicav obligataires ont vu s'évanouir 93 milliards de francs, soit 19 % de l'actif à fin 1994. Les rachats ont moins touché les Sicav actions et diversifiées, s'élevant à 25,4 milliards. Ils n'en sont pas moins douloureux, représentant plus de 9 % de l'encours à fin 1994. Paul Richard
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