Or : les ventes à terme masquent les achats indiens

Le marché mondial de l'or sort renforcé de l'examen attentif des experts du GFMS (Gold Fields Mineral Service) : le métal fin a bénéficié tout au long de l'année 1995 d'une solide demande, en progression de 10 % sur l'année précédente, grâce aux achats de l'industrie joaillière. Avec 3.642 tonnes, les achats records de l'année 1992 sont battus. La production mondiale n'a pas suffi à répondre à cet engouement. Seuls deux apports exceptionnels, les ventes effectuées à l'avance par les producteurs et les cessions des banques centrales ont pu combler ce déficit, car les prix se sont maintenus en 1995, oscillant dans une fourchette de fluctuation inférieure à 6 %. Une stabilité inédite depuis 1968, qui ouvre la porte à une appréciation du métal fin en 1996, à condition que ces sources d'approvisionnement « non naturelles » se tarissent, estiment le dernier rapport annuel de GFMS. Les opérateurs de marché ont fêté la nouvelle avec une légère flambée du prix de l'once d'or, qui s'approchait vendredi du seuil symbolique de 400 dollars, à 388,50 dollars, au plus haut depuis le mois de septembre. Le rapport de GFMS confirme la propension historique des grandes compagnies minières à se couvrir contre les fluctuations du métal jaune. Près de 511 tonnes ont ainsi été vendues d'avance en 1995, souvent sous forme d'options, contre 139 tonnes en 1994. Les Sud-Africains ont accéléré le mouvement, anticipant une hausse du rand, facteur de compression de leur marges bénéficiaires en 1996Le second apport exceptionnel a été réalisé par les banques centrales elles-mêmes, vendeuses net de 139 tonnes d'or sur l'année 1995. Ce chiffre est en fait une bonne surprise, car le marché avait pris peur en cours d'année, lorsque la Banque de Belgique a vendu 175 tonnes. Finalement, les autres banques centrales ont au contraire acheté 36 tonnes de plus qu'elles n'ont vendu en 1995. Pendant ce temps-là, le déficit de l'offre sur la demande s'est discrètement creusé. L'extraction minière est tombée à 2.268 tonnes (- 1 %) en 1995, principalement à cause de l'épuisement des filons du premier producteur mondial, l'Afrique du Sud, qui n'a extrait que 523 tonnes (- 10 %), soit la plus faible quantité depuis quarante ans. Parallèlement, la demande aurifère s'est montrée dynamique, beaucoup plus en Inde et au Moyen-Orient (+ 16 %) qu'en en Europe (+ 6 %) et en Extrême-Orient (+ 2 %). « Si la faiblesse actuelle des achats en Chine persiste, et si les économies des pays de l'OCDE se ralentissent davantage, alors la demande pourrait être plus faible en 1996 », avertissent les experts du GFMS. Nicolas Thiéry
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