Jeu à somme nulle entre le mark et le dollar

Le dollar est beaucoup moins sensible que le marché obligataire américain et que Wall Street à l'impasse budgétaire entre le Congrès républicain et la Maison-Blanche, qui risque de durer jusqu'à ce que le verdict des urnes en novembre prochain donne une majorité à l'un ou l'autre des protagonistes. Tout au plus le billet vert a-t-il enrayé la reprise amorcée en tout début d'année qui l'avait propulsé jusqu'à 1,4575 deutsche mark, soit 4,95 francs français et 106,60 yens. Hier, au plus bas dans les transactions, il a reflué jusqu'à, respectivement, 1,4335, 4,92 et 104,40. En fait, on assiste à une course-poursuite entre le dollar et le deutsche mark qui se traduit par un jeu à somme nulle. Les mauvaises nouvelles sur les Etats-Unis, constituées par la nouvelle interruption des négociations sur l'élimination du déficit budgétaire d'ici à l'an 2002, qui risque de se traduire dès le 26 janvier par une nouvelle mise à pied des fonctionnaires fédéraux, sont jour après jour masquées par la publication de statistiques allemandes défavorables au deutsche mark. Les premières viennent ainsi annuler les secondes, de sorte que l'effet sur la parité dollar/deutsche mark est relativement neutre. Pas plus tard qu'hier on apprenait, au terme d'une série noire statistique, que le PIB allemand ne s'était accru que de 1,9 % en 1995 - ce qui implique une croissance négative au quatrième trimestre, même si le chiffre n'a pas encore été rendu public - contre 2,9 % en 1994. Les services officiels ont aussi dû admettre que la République fédérale n'avait pas répondu au critère de Maastricht sur le déficit budgétaire l'an dernier, et que la croissance serait inférieure à 2 % en 1996. S'il ne faut pas s'attendre à un brutal décrochage de la monnaie allemande, qui a montré sa grande capacité de résistance aux difficultés, la situation actuelle devrait cependant, à terme, être positive pour le dollar, car elle va se traduire par de nouvelles baisses des taux de la Bundesbank qui vont accroître la rémunération du dollar. Or il est déjà assorti de rendements à court terme supérieurs de 175 points de base à ceux offerts sur le mark. Le différentiel a d'autant plus de probabilité d'augmenter en sa faveur qu'Alan Blinder, le numéro deux de la Réserve fédérale américaine, a laissé entendre hier qu'il ne fallait pas s'attendre à d'importants assouplissements de la politique monétaire de sa banque centrale cette année. Il a suggéré de tenir compte des anticipations sur le marché des contrats « futures », où les fonds fédéraux n'incorporent qu'une baisse d'un demi-point d'ici à la fin de 1996. Sur le long terme, ce qui constitue encore un handicap pour le dollar est également en train de se résorber, à la faveur d'une tension sur le marché obligataire outre-Atlantique. L'écart de taux à dix ans en faveur du mark, qui atteignait encore 40 points de base il y a quelques semaines, ne s'élevait plus hier qu'à 13 points. Isabelle Croizard
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