Les prix du blé continuent de flamber

Avec des stocks mondiaux inférieurs à six semaines de consommation et les quantités disponibles les plus faibles depuis vingt-deux ans, le marché des céréales marche sur la corde raide. D'abord qualifiés de provisoires, les prix de l'automne dernier, inédits depuis vingt ans, sont aujourd'hui largement dépassés. Le marché semble s'installer dans la pénurie. Au dire des négociants, les acheteurs Chinois, Sri Lankais et Bengalis sont pour l'instant décidé à suspendre leurs approvisionnements. Selon Warren King, analyste de Cargill Investor Service à Chicago, cité par l'Agence Bloomberg, les embarquements à l'exportation ne sont pas suffisants pour justifier le niveau actuel des prix. La tension sur le blé est parallèle à celle qui touche le complexe fourrager destiné à l'alimentation animale, notamment le soja et le maïs. Elle s'étend même, dans une moindre mesure, au riz, l'autre grand marché mondial de céréales, de plus en plus concurrent du blé pour l'alimentation humaine. Le recul de la production mondiale de céréales atteint cette année 3,3 %, à 1.883 millions de tonnes, selon le dernier rapport de la FAO, « Perspectives alimentaires mondiales », publié à la mi-décembre. Même si la production des pays en voie de développement augmente de 2 %, à 1.112 millions de tonnes, celle des pays développés est en baisse de 10 % à 771 millions de tonnes. Résultat, souligne la FAO, pour la troisième année consécutive, la production céréalière sera bien en dessous de la consommation. Les agriculteurs français, troisièmes exportateurs mondiaux de blé derrière les Etats-Unis, font défaut au marché. La jachère, destinée à équilibrer le marché mondial, a été réalisée sur des estimations d'équilibre entre l'offre et la demande qui semblent avoir très largement sous-estimé l'impact sur les prix d'un niveau de stocks apparemment insuffisant. Lors des semis préparant la récolte de l'été de 1995, le taux de jachère était encore fixé à 17 % pour les jachères fixes (environ la moitié des surfaces) ou 12 % pour les jachères mobiles (les plus compliquées à gérer). Ce taux a été unifié à 10 % pour les semis de la prochaine récolte, mais l'ajustement est insuffisant : la Chine, où l'exode rural dévore les ressources disponibles, révise en effet sans cesse ses besoins d'importation. Les jours qui viennent s'annoncent surtout incertains pour le blé, avec la détérioration climatique sur les régions nord-américaines productrices de blé d'hiver.Jeudi prochain se tient la première réunion du Comité de gestion de la CEE, chargé de gérer les exportations, qui aujourd'hui rapportent plus au contribuable qu'elles ne lui coûtent. Il est possible qu'en ouvrant un peu les vannes, celui-ci refroidisse un peu le marché. Nicolas Thiéry
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