Le dollar otage du budget américain

L'année 1996 commence sous des cieux beaucoup plus sereins pour le dollar que le cru précédent. Bien que la partie de bras de fer budgétaire entre le Congrès et la Maison-Blanche n'ait toujours pas trouvé d'issue, le billet vert a ouvert l'année en forte reprise vis-à-vis du yen montant à plus de 103,50 et stable face au mark et au franc juste au-dessus de 1,43 et de 4,90 et les prévisionnistes lui prédisent une reprise plus affirmée, surtout face à la devise japonaise, dès que Bill Clinton et ses protagonistes républicains auront trouvé un terrain d'entente sur l'élimination du déficit des finances publiques américaines et que sera levée l'hypothèque d'un défaut de paiement du Trésor de l'Oncle Sam. Mais les mêmes apprentis sorciers ne prédisaient-ils pas à la même époque de l'an dernier un net rebond du dollar. C'était sans compter sur les retombées de la crise mexicaine. Certes, le dollar s'est fortement apprécié par rapport au peso et au dollar canadien, les monnaies des deux partenaires des Etats-Unis au sein de l'Alena, mais il a connu une descente aux enfers face aux monnaies stables des autres pays du G7. Le 8 mars, le billet vert tombait à son plus bas niveau historique face au deutsche mark à 1,3480 et, cinq semaines plus tard, il pulvérisait un point bas de tout temps vis-à-vis du yen à 79,75. Il faudra un accord in extremis entre négociateurs américains et japonais en pleine guerre commerciale, un pacte présumé entre les deux superpuissances pour mettre un terme à l'endaka du yen en juillet et une salve d'interventions des banques centrales des pays les plus riches du monde le 15 août pour l'aider à remonter la pente. Mais le coeur des opérateurs n'y est pas vraiment. Lorsque le G7 publie son dernier communiqué de l'année en octobre, favorable à une poursuite du redressement du dollar la monnaie américaine a déjà recommencé à dériver, par rapport aux points hauts de la deuxième partie de l'année atteints à 1,49 mark, 5,12 francs et 104,80 yens. Le seul atout dont il bénéficie, à l'ouverture de cette année d'élection présidentielle aux Etats-Unis, est constitué par une prime de rendements à court terme par rapport aux autres grandes monnaies, qui devrait se maintenir, voire s'accroître, face à une conjoncture économique plus déprimée en Europe et au Japon que sur le Nouveau Continent. Isabelle Croizard
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