L'envolée des cours du sucre ne s'interrompt plus

Sur les marchés de Calcutta, le sucre est devenu un sujet de conversation majeur. De 35 roupies en novembre, le kilo de sucre a grimpé à 43 roupies un mois plus tard, avant de dépasser les 50 roupies début 2010. Il y a trois ans, une quinzaine de roupies suffisait à s'en procurer. Une inflation surprenante, puisque le pays est certes le premier consommateur de sucre au monde, mais aussi le premier ou second producteur, devant ou derrière le Brésil selon les années. Avec 450 raffineries, l'Inde pourrait théoriquement anticiper les mauvaises récoltes comme celle de 2009 en stockant l'édulcorant qui se conserve sans problème. Mais la forte régulation des prix sur le marché intérieur, qui plafonne en temps normal les prix de vente, décourage les raffineurs, tout comme les interdictions régulières d'exporter et d'importer du sucre. Voilà un an que l'Inde doit intervenir massivement à l'achat sur le marché international, avec un effet autoentraînant : plus le premier producteur achète, plus les acheteurs anticipent une hausse des prix et se précipitent sur les stocks. Sur le marché du Nyse Liffe à Londres, le sucre est revenu vers un plus-haut depuis 1981 la semaine dernière, à 738 dollars la tonne pour livraison en mars. En 2010, la demande devrait excéder la récolte de 14 millions de tonnes ; à elle seule, l'Inde devrait se porter acquéreur de 7 millions de tonnes de sucre cette année. Et le fait que l'Europe autorise, dans ce contexte tendu, les producteurs de betteraves à vendre leur sucre hors quota sur le marché international, n'a pas calmé le jeu. Il ne s'agit en effet que de 500.000 tonnes de sucre blanc, et les grands pays importateurs comme le Pakistan ou l'Égypte portent plutôt leur dévolu sur le sucre roux, moins cher.Le sucre n'est pas la seule denrée alimentaire à provoquer l'inflation cette année. Si les céréales comme le blé ou le maïs présentent des niveaux de prix relativement modestes après des récoltes abondantes, le riz est en train de devenir une source d'inquiétude pour les gouvernements. Une sécheresse sans précédent a perturbé la production en Asie du Sud-Est, tandis que la récolte philippine a été dévastée par un typhon. Là encore, l'Inde se positionne à l'achat alors que le marché international du riz est très étroit. Une situation qui ne peut que se traduire par de fortes tensions sur les prix. Aline Robert
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