Les Etats-Unis menacés par des coupes budgétaires automatiques

Les mois passent et les dates limites se multiplient. Le 31 décembre, le Congrès américain avait voté un accord à minima pour réduire son budget. Les hausses d'impôts avaient été décidées. Mais il avait reporté de deux mois les décisions à prendre sur les coupes budgétaires.85 milliards de dollars de coupes cette annéeArrive donc, vendredi 1er mars, la nouvelle date fatidique. Si républicains et démocrates ne s'accordent pas sur les moyens de réduire le déficit budgétaire, les dépenses de l'Etat seront automatiquement amputées de 85 milliards de dollars sur l'année budgétaire en cours - qui s'arrête au 30 septembre - et d'un total de 1.200 milliards de dollars sur dix ans.Le budget de la défense sera le plus touché, avec 492 milliards en moins sur dix ans. Les dépenses discrétionnaires (tout ce qui ne touche pas les retraites ou la santé : la construction, l'entretien des routes, les douanes,...) subira la seconde plus grosse coupe ("sequester" ou "sequetration" en anglais). En comparaison, fin décembre, le "fiscal cliff" (la falaise fiscale), menaçait d'une baisse des dépenses de 100 milliards de dollars et d'une hausse des impôts pour 500 milliards d'euros sur l'année. Cette baisse des dépenses de 85 milliards d'euros inquiète moins aujourd'hui.Barack Obama avait décidé de faire subir la plus grosse baisse sur le budget de la défense. Son objectif : faire plier les républicains, habituellement très conservateurs dans ce domaine. Mais une frange du parti exige aujourd'hui avant tout des réductions des dépenses publiques au niveau fédéral "et si c'est le seul moyen de les baisser, alors ils acceptent cette baisse, même sur le budget de la Défense", explique Alexandra Estiot, économiste chez BNP Paribas. Résultat : chaque parti reste campé sur ces positions. Et un accord d'ici jeudi soir reste encore très hypothétique.0,3 à 0,6 point de croissance perdusLes conséquences n'en seront pas minimes pour l'économie américaine. Des dizaines de milliers d'employés du Pentagone se retrouveront au chômage partiel, il y aura moins d'agents aux frontières donc plus de temps pour la traverser, moins d'aiguilleurs du ciel donc moins de trafic aérien, ... "Du fait des nombreuses réglementations, cela va provoquer des goulots d'étranglements dont il est difficile de mesurer les conséquences sur l'économie", explique Alexandra Estiot.Selon les calculs du CBO (Congressional Budget Office, un bureau d'analyses budgétaires indépendant), la dette américaine continuera à augmenter jusqu'en 2015, et ce, malgré ces coupes. Le taux de chômage resterait aux alentours des 8%. Selon différentes analyses, les réduction budgétaires auraient un impact de 0,3 à 0,6 point sur la croissance cette année. "A moyen terme, il existe un risque non-négligeable d'une nouvelle dégradation de la note souveraine des Etats-Unis par les agences de notation (Moody's et Fitch) qui ne l'ont pas fait en août 2011", ajoute Natixis dans une note datant de début février.Des espoirs...Au Congrès, démocrates et républicains ont cependant une autre date dans leur calendrier : le 27 mars. A cette date, ils devront avoir voté une "résolution" approuvant le budget de l'administration. Et les premiers effets des coupes budgétaires se feront ressentir. "Il y a de fortes chances que des solutions soient trouvées d'ici là pour diminuer les déficits, en ciblant les programmes et les lignes budgétaires les moins efficaces", estime Alexandra Estiot.Si les deux partis n'arrivent pas à se mettre d'accord sur cette résolution, certaines activités gouvernementales devront être temporairement arrêtées. Un plus grand risque pour l'économie américaine dont sont conscients démocrates et républicains. Viendra ensuite le 18 mai. Fin janvier, le plafond budgétaire avait été suspendu jusqu'à cette date. L'Etat peut donc emprunter sans se soucier de ce plafond, d'un montant de 16.394 milliards de dollars, qu'il a crevé au 31 décembre. Au 19 mai, un nouveau plafond devra être fixé. La dette américaine aurait déjà dépassé les 16.600 milliards de dollars....et pas de stressMalgré ces blocages récurrents, les Etats-Unis ne subissent pas une perte de confiance. "La question de la politique monétaire aux Etats-Unis est plus importante", fait remarquer Alexandra Estiot, qui ajoute que les inquiétudes sont également plus fortes sur les dettes européennes. "Le stress ne montera pas avant ces baisses automatiques. Mais si cela n'avance pas après, il pourrait effectivement monter". A l'été 2011, rappelle-t-elle, après avoir été dégradés par Standard & Poor's, les Etats-Unis n'avaient pas vu fuir les investisseurs.
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