Dans l'épineux dossier turc, « Aéroports de Paris ne sera pas lésé », assure son PDG

Augustin de Romanet, le nouveau PDG d\'Aéroports de Paris (ADP) ne s\'est pas défilé ce jeudi lors de la présentation des résultats financiers du groupe au moment de répondre aux questions concernant l\'épineux dossier TAV, ce groupe turc, qui gère plusieurs aéroports dont celui d\'Atatürk à Istanbul, dans lequel ADP a pris en mai 2012 une participation de 38% pour 700 millions d\'euros. Une très belle opération vite ternie par la décision du gouvernement turc de construire à l\'horizon 2016-2017 un troisième aéroport à Istanbul gigantesque, concurrent d\'Atatürk. Un coup dur pour ADP : Atatürk apportait la très grande partie de la valeur de TAV. Une décision qui vise à pallier la saturation d\'Atatürk. Un appel d\'offres a été lancé en début d\'année pour la construction de ce nouvel aéroport (assortie d\'une concession de 25 ans) et les candidats doivent remettre leur copie avant le 3 mai.Dette nette de 3 milliards d\'eurosTAV et ADP vont postuler. Augustin de Romanet n\'a pas souhaité donner de précisions sur le montant de l\'investissement qui pourrait être à la charge d\'ADP. Au regard de la taille du projet, il sera conséquent. Une facture qui s\'ajoutera donc aux centaines de millions d\'euros injectés pour l\'acquisition de 38 % de TAV et 49% de TAV Construction. « L\'investissement n\'exigera pas d\'ADP d\'endettement supplémentaire et sera pour nous totalement supportable », a-t-il indiqué. Aujourd\'hui, ADP affiche une dette nette de trois milliards d\'euros pour un chiffre d\'affaires de 2,640 milliards.Atatürk fermeraLe vainqueur devrait être désigné en juin avec un commencement des travaux début 2014 dans le but de livrer une première tranche de cet aéroport (d\'une capacité de 70 millions de passagers) 42 mois après, (avec une tolérance de 6 mois). Soit au plus tard début 2018. Pour rappel, la concession de TAV de l\'aéroport d\'Atatürk court jusqu\'au 1er janvier 2021. Que deviendra cet aéroport quand le nouveau ouvrira ? Sera-t-il spécialisé sur certains types de trafic ? Fermera-t-il ? Dès lors que le nouvel aéroport sera ouvert, Atatürk fermera », a précisé Augustin de Romanet.Compensations assuréesADP sera-t-il impacté? « Même si nous remportions l\'appel d\'offres du troisième aéroport, la fermeture engendrerait un manque à gagner. Nous avons reçu une lettre des autorités turques précisant qu\'elles s\'engageaient à le compenser (...). Nous n\'allons pas être lésés sur le plan économique », a expliqué le PDG d\'Aéroports de Paris. La compensation couvrira le manque à gagner entre la date d\'ouverture du nouvel aéroport et la fin de la concession de TAV à l\'aéroport d\'Atatürk, en 2021, sachant qu\'ADP table plutôt sur une ouverture début 2019.Pas de dépréciation de la valeur de TAVQuels sont les montants en jeu? « Si le nouvel aéroport ouvre le 1er janvier 2018, nous perdrons près de 300 millions d\'euros (100 millions par an). Nous sommes quasiment sûrs que nous serons remboursés à hauteur de 200 à 250 millions. Le manque à gagner serait donc de l\'ordre de 20 millions d\'euros par an. Le risque n\'est pas si élevé que cela », a déclaré Augustin de Romanet. D\'autant que selon lui « la perte éventuelle serait inférieure à la surperformance de TAV au moment où on l\'a acheté ». « L\'accroissement de la valeur de TAV est tellement rapide par rapport à ce qui était anticipé que pour Aéroports de Paris, même dans un cas où on ne serait pas bien remboursé par le gouvernement turc (...), notre bilan économique demeure positif », a-t-il assuré. En 2012 ADP tablait sur un résultat net de 70 millions d\'euros pour TAV et il s\'est élevé à 124 millions. « Il n\'y a pas besoin de déprécier (la valeur de TAV dans les comptes d\'ADP, ndlr) quel que soit le scénario », a indiqué à La Tribune Laurent Galzy, le directeur financier d\'ADP, en aparté de la présentation des résultats annuels.Un recours contre les banques conseil envisagéLa prudence s\'impose néanmoins. Car il y a évidemment un fossé entre une lettre et son exécution cinq ans plus tard avec un gouvernement turc qui aura forcément changé. Augustin de Romanet le sait. D\'ailleurs il étudie la possibilité de se retourner contre les conseils d\'ADP au moment de l\'opération « dans l\'hypothèse d\'une compensation insuffisante ».Car, lors du vote donnant feu vert à l\'offensive sur TAV l\'an dernier (début 2012) en conseil d\'administration d\'ADP, le risque d\'un troisième aéroport était « réel mais non avéré ». «Il y a un élément de fait. Effectivement le conseil d\'administration d\'ADP n\'a pas été conduit à se réunir entre l\'annonce officielle du gouvernement turc (d\'ouvrir un troisième aéroport d\'ici la fin de la décennie, ndlr) dont fait mention la presse turque les 19 et 21 avril 2012, et le closing de l\'opération le 15 mai 2012 », a expliqué Augustin de Romanet. Au moment de la décision du conseil d\'administration, la question de la saturation aéroportuaire d\'Atatürk à l\'horizon 2018 était bien réelle, mais il était question d\'y remédier par la construction d\'une nouvelle piste de décollage.  
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