Le paquet fiscal se fissure

Sur le site Internet flambant neuf de l'Élysée, la photo illustrant la loi travail, emploi, pouvoir d'achat (Tepa) du 21 août 2007 est une table ronde sur le RSA, à laquelle participait le chef de l'État en août 2008. Comme si le volet social de la politique économique du gouvernement était le seul élément auquel peut aujourd'hui se raccrocher la majorité.Car pour le reste - notamment le bouclier fiscal destiné à empêcher qu'aucun contribuable ne verse plus de la moitié de ses revenus au Trésor public - la tempête gronde jusque dans les rangs de l'UMP. Et le socle idéologique de la « rupture » sarkozyste se fissure sous le double effet de la crise et de la déroute de la droite aux élections régionales.Dès la confirmation de la défaite, le dimanche 21 mars, le patron des députés UMP, Jean-François Copé, a appelé à un « retour aux fondamentaux » qui ont permis la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007. Or, aux côtés de la sécurité, de l'identité nationale, de l'ouverture et de la fiscalité écologique, figuraient les engagements pris par le candidat UMP, qui promettait d'être « le président du pouvoir d'achat » et du « travailler plus pour gagner plus ». Des promesses concrétisées dans le « paquet fiscal », assortis de slogans aujourd'hui mis à mal par la conjoncture - heures supplémentaires - et le contexte politique (cf. ci contre).Mais, depuis dix jours, confronté à la grogne des élus de sa majorité, affaibli par sa chute continue dans les sondages (il atteint son plus-bas dans le baromètre TNS Sofres pour « Le Figaro magazine », avec 28 % d'opinions favorables), Nicolas Sarkozy a déjà dû reculer sur la taxe carbone. Et sur l'ouverture, un retrait illustré par la nomination de l'UMP Jeannette Bougrab à la tête de la Halde, en lieu et place du socialiste Malek Boutih. Concernant le bouclier fiscal, Nicolas Sarkozy est placé face à un choix cornélien : renoncer à l'emblème de son quinquennat pour apaiser les Français ou tenir bon et encourir les foudres de sa majorité et des électeurs. Le chef de l'État, qui recevait mercredi soir les députés UMP à l'Élysée, s'en tient pour le moment à la seconde solution. Refusant une nouvelle fois d'être « le président qui augmentera les impôts » et au passage de donner raison à la gauche à deux ans de la présidentielle. « Ne touchez pas au bouclier fiscal ! » a lancé Nicolas Sarkozy, selon des participants.Plusieurs ténors du PS ont en effet pris le relais des critiques qui se sont exprimées ces derniers jours à droite, de Dominique de Villepin à Alain Juppé, en passant par Gérard Longuet et même Jean-François Copé. Martine Aubry a demandé « solennellement la suppression du bouclier fiscal ». François Hollande a interpellé François Fillon à l'Assemblée en lui demandant de renoncer à « la mesure phare de l'injustice fiscale ». Ségolène Royal estime de son côté que « la droite va finir par céder à la pression de l'opinion publique ».Plusieurs élus de l'UMP continuent de penser que Nicolas Sarkozy devra procéder à des « aménagements » du « paquet fiscal » pour se concentrer sur la « mère de toutes les réformes », le chantier des retraites, qui doit se conclure à l'automne, avant sans doute la fin du bail de François Fillon à Matignon et la formation d'un gouvernement « de combat » pour 2012.
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