Les catégories / Europe 2011, à la recherche de la croissance perdue

« Comme d'habitude, les crises que l'on prévoit, comme celle de la Grèce au début 2010, n'ont pas lieu. Et celles qui ne sont pas prévues, prennent tout le monde de court, comme la révolte des pays arabes et l'envolée du pétrole début 2011 », s'amuse Philippe Delienne, président de Convictions AM. Après une année 2010 en dents de scie, 2011 a connu un début d'année très heurté. Le tremblement de terre et le tsunami au Japon, puis les risques de catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima sont venus ajouter de l'incertitude à un environnement déjà en proie au doute.Pourtant, 2011 sera l'année de la reprise, un rebond soutenu par des politiques monétaires encore accommodantes : plus de 2 % de croissance sont attendus dans les pays développés et plus de 6 % dans les émergents. Cela, même si l'embrasement des pays arabes s'est invité dans les cours de Bourse, propulsant l'or noir à 110 dollars - avant que l'Arabie Saoudite ne calme le jeu en assurant compenser l'arrêt de la production libyenne. Reste que l'extension de la révolte à d'autres pays comme Bahreïn continue d'inquiéter. Cette croissance, encore tirée par les pays émergents (10,2 % annoncés en Chine, 8,6 % en Inde, 7,6 % au Brésil), va pourtant se heurter au retour de l'inflation, qui pourrait mettre un terme prématuré aux politiques accommodantes des banques centrales. Depuis le début de l'année, les marchés développés, Europe en tête, ont mieux performé que les émergents et l'Asie. Les pays en difficulté de la zone euro, y compris l'Espagne et la Grèce, ont même profité un moment d'une amélioration du sentiment sur la crise des dettes souveraines périphériques. Mais la dégradation controversée de leurs notes par Moody's a sapé le moral des boursiers. Pourtant, la première émission obligataire à 5 ans du fonds d'urgence européen avait également été un succès. Et les responsables européens travaillent sur un mécanisme de crise durable pour la zone euro. Mais les questions de la dette des pays périphériques avec la possibilité d'une restructuration ou d'un défaut, et celle de l'exposition des banques - même si de nouveaux « stress tests », déjà décriés, vont être mis en place - resteront au centre des craintes. Croissance, argent pas cher et faible valorisation : cette année, trois moteurs de performance joueront encore en faveur des actions. Les profits ont largement rebondi l'an dernier : + 51,6 % en Europe, + 47,2 % aux États-Unis. Les infrastructures, la démographie, l'énergie et l'agriculture restent des thèmes porteurs. Et les sociétés exportatrices, que ce soit dans le luxe, les biens de consommation ou les spiritueux, trouvent un large consensus. Les taux d'intérêt resteront bas, même si une remontée, que l'on espère progressive, est envisagée dès les prochains mois. Surtout, les valorisations des Bourses mondiales, en particulier des pays développés, demeurent attrayantes. Quelles régions faut-il retenir ? Bob Doll, le stratégiste actions de BlackRock, ne jure que par les États-Unis qui « feront mieux que la plupart des marchés développés », grâce à une accélération de la croissance à 3,4 % en 2011 (2,8 % en 2010) et des résultats d'entreprises en nette progression. D'autres maisons favorisent l'Europe, laquelle devrait rattraper son retard en 2011. C'est le cas de Didier Bouvignies, associé gérant chez Rothschild & Cie, qui table sur « un apaisement sur les dettes souveraines européennes » car il pense que « l'euro vit une crise d'adolescence, mais que des taux élevés sur de grands pays européens ne peuvent pas durer ». Si certains sont encore prêts à parier sur les émergents - Marino Valensise, directeur des investissements mondiaux chez Barings, pense que, « en 2011, la Chine sera probablement une des plus belles opportunités d'investissement » -, le débat reste ouvert sur l'inflation qui les pénalisera. « La désynchronisation entre les trois principales zones (États-Unis, Europe et émergents) devrait nous préserver des scénarios extrêmes », rassure pourtant Frédéric Leroux, gérant global chez Carmignac. F. P.
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